La Psychologie analytique  selon le psychanalyste Carl Gustav Jung

La Psychologie analytique selon le psychanalyste Carl Gustav Jung

Le bien-être, la réflexion sur soi, la quête du bonheur et l’estime de soi sont des sujets d’actualité en cette période où l’être humain découvre la complexité de la vie et l’interdépendance des choses. L’homme moderne recherche désespérément en dehors de lui quelque chose qui puisse l’animer, le rendre vivant. Cette prise de conscience constitue une étape primordiale pour tous ceux qui s’ouvrent à une autre perception du sens de l’existence. Le message de Jung est que, pour peu que nous acceptions de regarder à l’intérieur de nous, un changement est possible pour se reconnecter à son être le plus entier. Jung nomme ce processus individuation.

La psychologie analytique est une théorie psychologique élaborée par le psychiatre suisse Carl Gustav Jung à partir de 1913. Créée au départ pour se différencier de la psychanalyse de Sigmund Freud, elle se propose de faire l’investigation de l’inconscient et de l’« âme », c’est-à-dire de la psyché individuelle.

La faisant reposer sur une conception objective de la psyché, Jung a établi sa théorie en développant des concepts clés du domaine de la psychologie et de la psychanalyse, tels celui d’« inconscient collectif », d’« archétype » ou de « synchronicité ». Elle se distingue par sa prise en compte des mythes, contes et traditions, révélateurs de la psyché, de toutes les époques et de tous les continents. Elle accorde au rêve une place importante comme élément central de communication avec l’inconscient et explore l’influence d’instances psychiques autonomes comme la persona, l’ombre, l’animus et l’anima, etc.  

Considérant que le psychisme d’un individu est constitué aussi bien d’éléments de la vie personnelle du sujet que de représentations faisant appel aux mythes et symboles universels, la psychothérapie inspirée de la psychologie analytique se structure autour de la personne et vise au développement du « Soi », par la découverte de cette totalité psychique à travers la notion d’individuation.

L’individuation ne doit pas être confondue avec l’individualité ou l’excentricité. Il s’agit plutôt de l’atteinte d’une plus profonde conscience des facteurs influençant la manière dont une personne se relie à la totalité de ses expériences psychologiques, interpersonnelles et culturelles.

Jung ne cherche pas à mettre l’accent sur le côté pathologique de ses patients et sur ce qui dysfonctionne en eux pour l’éliminer, le corriger et les faire ainsi rentrer dans la norme. Il sait que chacun a construit sa névrose comme un réflexe de survie et dans une tentative d’autoguérison. Le but principal est d’essayer d’en comprendre les ressorts et la signification profonde. Quelle a pu être son utilité dans le contexte où chacun a vécu et s’est développé. Ce faisant, Jung s’efforce de trouver en chaque être sa valeur propre et sa richesse intérieure, afin de permettre à chacun de découvrir celui qu’il est vraiment.

En cela cette approche tente de prendre en compte l’individu dans son entier. C’est l’intégration des différentes parties de l’être : le corps, le cœur, le mental, et l’esprit. Jung a mis en relief l’étroite relation existante entre le corps et la sphère des émotions, c’est-à-dire entre le somatique et le psychisme. C’est la raison pour laquelle il apporte toujours une si grande importance à rétablir l’équilibre énergétique entre les deux pôles que sont le corps et l’âme, autrement dit entre le physiologique et l’émotionnel. En ce sens, on peut dire que Jung a été le précurseur de ce que l’on nomme aujourd’hui la psychosomatique. 

La psychanalyse jungienne a une double dimension 
analytique (rechercher les causes) et
prospective (chercher vers où cela s’oriente)

Ce que Jung apporte aujourd’hui

A l’opposé d’une vision binaire du monde et des êtres qui porte au conflit et à l’exclusion, la pensée jungienne invite à une vision complexe dans laquelle les pôles opposés ne doivent pas se combattre jusqu’à l’élimination de l’un d’eux, mais se combiner.

Chacun des opposés en présence a sa raison d’être et l’énergie qui découle de la tension entre eux doit aboutir à l’émergence d’un troisième terme qui ouvre sur une perspective nouvelle.
Développer notre individualité – et non l’individualisme – favorise l’ouverture sur l’autre et la reconnaissance de son altérité, ainsi que la conscience de notre participation au monde.

Ce point de vue, cette conception du monde constitue pour les jungiens une option philosophique et une position éthique dont notre histoire et notre actualité révèlent le caractère critique.

concepts important dans la psychologie des profondeurs : 

L’inconscient collectif :

Il est, en quelque sorte, la mémoire commune à toute l’humanité. Elle se forme tout au long des différents cycles de l’évolution de l’ensemble des civilisations et tribus qui ont peuplé la Terre. L’on parle d’inconscient parce que celui-ci ne s’exprime pas, ne se manifeste pas directement. On peut retrouver cette dimension à travers des mythes, des légendes, ou des archétypes. L’inconscient collectif représente une strate beaucoup plus profonde que l’inconscient individuel, qui permet à l’individu de se relier à l’Humanité.

pour expliquer la différence avec l’inconscient personnel Jung expliqua : « Au contraire de l’inconscient personnel, l’inconscient collectif n’est pas le fait de contenus individuels plus ou moins uniques, mais de contenus universels qui apparaissent régulièrement. Les contenus de l’inconscient collectif constituent comme une condition omniprésente, immuable, identique à elle-même en tous lieux. […] L’inconscient collectif contient l’ensemble de l’héritage spirituel de l’évolution de la race humaine, évolution reproduite dans la structure cérébrale de chaque individu. »

L’Ombre : 

Pour découvrir l’être que nous sommes, Jung explique qu’il faut découvrir notre Ombre. L’ombre est l’opposé de la face idéale que l’on cherche à montrer aux autres. La part négligée, inférieure (archaïque), ou inadaptée de soi que l’on se cache  soi-même et aux autres. Celle que l’on ne veut ni voir ni montrer et que, par projection, on a généralement tendance à attribuer à autrui. C’est la paille que l’on voit dans l’oeil de son voisin et la poutre que l’on ne voit pas dans le siens. Ne pas reconnaître notre ombre est une façon de nous protéger. Toutefois, cela nous prive de notre épaisseur et de notre corporité. Car l’ombre est le non-vécu, ce qui est mis à l’écart de la vie pulsionnelle, et demande à être intégré à la conscience. C’est la part de nous qui s’enracine dans la concrétude du corps. Cependant, du fait qu’elle représente le « non-vécu », l’ombre n’est pas uniquement faite de contenus négatifs. Elle peut aussi représenter ce que l’on n’a jamais osé ou eu le courage de développer en soi à un moment donné de la vie. De sorte que le voir chez autrui constitue une sorte de piqûre de rappel douloureuse et insupportable pour le moi, qui le rejette immédiatement.

L’être et le paraître : la persona.

la persona signifie masque. Jung a choisi ce terme en référence au masque qui, dans le théâtre antique, permettait à l’acteur de faire résonner sa voix (per sonare) et de définir son rôle en indiquant certains traits de son caractère de scène. La persona est donc un dispositif d’adaptation au monde. Nous la développons dans nos rapports avec notre environnement, de sorte qu’elle joue comme une protection, voir dans certains cas comme une défense contre le monde qui nous entoure. Sur la scène de la vie aussi nous endossons des rôles auxquels il peut même nous arriver de nous identifier et de croire, en les confondant avec ce que nous sommes véritablement. La persona que nous construisons nous sert souvent à protéger un soi profond, que l’on sent ou croit trop fragile pour être confronté au monde extérieur. Cependant, tout en protégeant cette part la plus intime de nous même, la persona nous empêche aussi la plupart du temps de révéler et de réaliser celui ou celle que nous sommes véritablement. 

Le Soi : l’être dans son entier

Le Soi… représente le but de l’homme total, à savoir la réalisation de sa totalité et de son individualité. Le centre de la personnalité totale, qui ne doit pas être entendu dans le sens d’une personnalité « parfaite » mais dans le sens d’une personnalité qui englobe conscient et inconscient. La découverte du Soi nécessite un réel abandon, de l’ego ; personnalité qui fragmentent l’individu en une multitude de facettes auxquelles le Moi s’identifie journellement. Dans la vie privée, lorsque l’inconscient reprend les rênes de la personnalité, tous les traits créés socialement, liés donc à une société ou une structure s’estompent pour laisser place, au véritable être qu’est la personne.

 

 

Pour finir, pour Jung, l’individuation est le processus qui conduit à la réalisation de l’être, grâce à la rencontre avec soi-même et avec les autres. Ce processus n’est pas la promotion de l’individualisme car l’individuation est le processus de création et de distinction de l’individu et non de séparation/coupure d’avec ce qui l’entoure. Les personnes qui ont pu se développer dans le sens de l’individuation, de manière autonome par rapport aux influences de leur milieu, n’ont pas besoin de défendre mordicus leur identité à travers des comportements individualistes. Parce qu’elles savent écouter leurs besoins, elles sont ouvertes à ceux des autres, qu’ils soient humains ou non humains. A contrario, la tendance à affirmer son individualité de façon égotique est le signe d’une fragilité dans la construction de son sentiment d’identité, d’une difficulté à se sentir libre intérieurement. C’est le manque d’individuation qui pousse la personne individualiste à se cramponner à ses certitudes, ses besoins, son quant à soi. Si elle se vit comme radicalement séparée, différente, n’ayant rien à voir avec l’autre, défendant âprement son territoire face à lui, c’est parce qu’au fond, inconsciemment, elle se sent si peu sûre d’elle.

 

Une vidéo en complément pour découvrir Jung 

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