Un beau jardin n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat de beaucoup de soins, de travail… Et d’amour aussi. Un peu comme notre relation conjugale. Si nous en prenons soin, elle pourra être aussi belle que le plus beau des jardins. Où en sommes-nous de notre présence l’un à l’autre ? De notre complicité ? Du partage de nos projets ? De nos rêves ? De notre intimité sexuelle, spirituelle ?
Prenons les bons outils pour le faire fructifier. La bienveillance, qui nous évitera les phrases assassines et nous aidera à être dans une écoute plus grande de notre conjoint. La tendresse, qui agit comme un véritable engrais de l’amour et qui comblera notre insatiable besoin d’être aimé. Le temps, qu’il est nécessaire de prendre, régulièrement, pour se retrouver en amoureux.
Les bons outils pour cultiver le jardin conjugal
Avoir des valeurs communes
« Qui se ressemble s’assemble », « Les opposés s’attirent »… Et si l’idéal était de trouver le juste milieu, celui qui repose sur le partage de valeurs essentielles ? Nos valeurs découlent de l’éducation que nous avons reçue, de notre environnement culturel et social, de nos expériences… Par définition, elles sont rarement toutes communes à deux êtres. Néanmoins, si elles sont radicalement opposées, le couple aura du mal à durer dans le temps. Car ces valeurs vont guider la vie de chacun avec les autres, mais aussi avec « l’autre » La fidélité est-elle importante pour lui ? Considère-t-elle l’entraide comme une valeur fondamentale ou donne-t-elle plus d’importance à la compétition ? A-t-il la même approche de la valeur de l’argent ? La famille est-elle sacrée à ses yeux ? Quand les différences sont trop radicales, la compatibilité du couple peut devenir problématique, notamment au moment de la naissance du premier enfant. Les règles d’éducation seront alors établies en fonction de ce que chaque conjoint juge primordial. Afin d’éviter le choc des valeurs, la meilleure solution est de prendre vraiment le temps de se connaître, d’échanger et parler de tout. À travers des discussions sur la vie, la société, la famille… peuvent s’exprimer alors les valeurs mais aussi les dissonances de chacun.
Accepter les différences de l’autre
Avec le temps, les particularités de chacun, d’abord attirantes, peuvent devenir source de nombreux conflits. Si accepter les différences n’est pas toujours facile, cela peut en revanche enrichir durablement la relation de couple. Les différences qui séparent les conjoints sont souvent à l’origine même de leur histoire d’amour. Ce sont elles qui invitent à aller vers l’autre, qui le rendent attirant car on découvre justement qu’il est unique… Mais une fois la nouveauté et la découverte passées, les différences de l’autre apparaissent de plus en plus comme des défauts. Pourtant, c’est vraiment quand on reconnaît ce qui fait la particularité de l’autre que naît l’amour. On peut alors l’aimer pour ce qu’il est réellement. C’est ce que les spécialistes appellent l’« amour mature ». Pour le philosophe Frédéric Lenoir, auteur de La puissance de la Joie, l’amour véritable n’étouffe pas l’autre, il lui apprend à mieux respirer.
Avoir des projets et des rêves
Pour avancer, le couple a besoin de se projeter. Et c’est quand les désirs de chacun s’unissent en une vision commune que l’avenir devient stimulant. Fonder une famille, construire une maison, faire le tour du monde… Même si cela paraît à certains moments de la vie plus de l’ordre du fantasme que du rêve relié à une réalité, il est impossible d’avancer dans la vie sans avoir des projets. Cela concerne chacun des conjoints mais aussi le couple. Se projeter ensemble, c’est donner de la stabilité à sa relation amoureuse. « Le premier projet du couple, c’est « le couple lui-même. » Avoir l’un et l’autre le désir profond de former et de faire vivre son couple est le projet de base, celui sur lequel vont venir s’appuyer tous les autres projets.
Pratiquer la gratitude, l’essence de l’alchimie
Les couples heureux savent qu’ils peuvent tout se dire (voir un article pour bien communiquer). Il ne s’agit pas forcément de tout dire systématiquement, mais plutôt de réussir à instaurer un climat de confiance et d’accueil de l’autre. Pour vivre une telle alchimie, la clé consiste à placer la gratitude au centre de la relation amoureuse. Les plus heureux sont ceux qui se disent « merci », ceux qui reconnaissent les bons côtés de l’autre, révèle une étude parue dans la revue universitaire anglaise Personnal Relationship. Malgré les disputes, ils ne perdent jamais conscience de leur chance d’être en couple. Ceux qui prennent l’habitude de cultiver la gratitude en un mouvement spontané développent en eux une joie profonde. Celle de remercier, de donner, de rendre grâce et de partager. Dans la gratitude, il y a toujours une main tendue vers l’autre. Elle éloigne l’attention à notre propre ego pour la diriger vers l’autre. Dans le couple, la gratitude nous réconcilie avec la vie en nous invitant à apprécier ce que nous avons, plutôt qu’à déplorer ce qui nous manque.
Cultiver la tendresse, l’autre ciment de l’amour conjugal
La vie sensuelle dans le couple est une source d’épanouissement. Reflet de l’amour, elle est une autre manière de se rencontrer. « La tendresse, les câlins, les rapports sexuels, sont les reflets de l’amour et ne doivent pas être oubliés », souligne Bénédicte de Dinechin, conseillère conjugale. « C’est avec son conjoint que nous sommes appelés à construire un bonheur durable. Et les câlins, les baisers, les étreintes y contribuent. » À chaque couple d’inventer sa propre définition de rendez-vous sensuels épanouissants, en apprenant à découvrir ses points d’entente. Se donner charnellement à l’autre sans un amour total est évidemment un grave problème. Mais le corps étant une « machine » extrêmement délicate, une belle intimité sexuelle implique un chemin d’apprentissage qui peut prendre du temps. Encore une fois, il est normal qu’il y ait un décalage entre son imaginaire et la réalité. En revanche, l’important est que les époux soient toujours capables d’en parler simplement. Parler de sexualité, échanger de manière intime sur les désirs, nourrit certainement l’imaginaire et donne les clés pour évoluer. Mais, surtout, il est essentiel de penser à la tendresse, souvent la grande oubliée des couples.
Faire équipe et sortir du cercle de la critique
Dans un couple, il y en a toujours un qui s’investit davantage dans les tâches domestiques ou qui gagne plus d’argent que l’autre. Plutôt que de faire des calculs de comptable, un couple a bien plus intérêt à faire équipe. Pour les petites corvées comme pour les grandes épreuves. Des assiettes qui n’atteindront jamais le lave-vaisselle, le frigo vide, une poubelle non descendue… Qui n’a jamais éprouvé ce sentiment d’injustice et de rancœur, à l’idée d’être celui ou celle « qui fait tout dans la maison ? » Commenter négativement tout ce que l’autre ne fait pas comme on le voudrait devient vite addictif. Méfiez-vous des commentaires péjoratifs, des critiques ou des médisances dans votre couple. Cela risque de créer une spirale infernale. Au lieu de regarder ce qui manque, il est essentiel de regarder ce qui est donné. Voilà le secret des couples qui durent : ils partagent en tenant compte des sensibilités, des capacités de chacun.
Créer un lien d’amitié
Et si votre conjoint était aussi votre meilleur ami ? La confiance, la tendresse et la complicité sont indispensables pour construire un lien conjugal toujours vivant. Parler d’amitié dans le couple ne semble pas si naturel que ça, tant ce sentiment se marie mal avec la vision romantique et passionnée que nous avons de l’amour. Pourtant, la première piste que le thérapeute américain John Gottman dégage dans son livre Les couples heureux ont leurs secrets est que « les mariages heureux sont fondés sur une profonde amitié ». Les couples heureux se connaissent intimement. Ils savent parfaitement ce que l’autre aime et n’aime pas, quels sont ses espoirs ou ses rêves. Tout ceci exige de porter une attention de tous les instants à l’autre. Beaucoup donnent la primauté de l’amitié aux relations hors couple, tandis qu’ils laissent à la vie conjugale le privilège de la sexualité et… des conflits. « Le meilleur ami, la meilleure amie, c’est celui ou celle que l’on aime le plus, mais sans en manquer, sans en souffrir, sans en pâtir, c’est celui ou celle que l’on a choisi(e), celui ou celle que l’on connaît le mieux, qui nous connaît le mieux, sur qui on peut compter, avec qui on partage souvenirs et projets, espoirs et craintes, bonheurs et malheurs… », écrit le philosophe André Comte-Sponville dans son Petit Traité des grandes vertus. Et finalement de conclure : « Qui ne voit que c’est en effet le cas dans un couple […] ? »
Chercher le soutien d’un couple qui partage les mêmes valeurs
Qui se ressemble, s’assemble, selon l’adage… Passer du temps avec des couples qui croient aux mêmes valeurs permet de se renforcer et d’apporter au couple une dynamique, celle de la semblance. Un véritable soutien qui booste autant dans les moments de joie que dans les épreuves. Pour Jacques Salomé, psychosociologue français et auteur de plusieurs ouvrages sur la communication en famille, il existe cinq grandes dynamiques relationnelles qui peuvent lier un couple. Parmi elles, se trouve la semblance. « Il y a, au travers de goûts, de centres d’intérêts ou de points de vue très proches, identiques, une stimulation, une émulation, un béquillage réciproque qui sécurise, conforte et renforce à la fois ce qui se présente comme homogène, solide, fiable », explique-t-il. Le même système de valeurs, la même sensibilité spirituelle peut dynamiser le couple. Et c’est la même règle si on élargit cette dynamique de la semblance au cercle des couples amis.