Deux rationalités pour penser l’humain : la logique et le symbolique

Deux rationalités pour penser l’humain : la logique et le symbolique

 

 

L’histoire des idées occidentales a longtemps été structurée par l’idéal d’une raison unique, stable et universelle. Pourtant, dès que l’on porte l’attention non sur le monde physique mais sur l’humain, ses pratiques, ses mythes, ses affects, ses représentations, cette image unifiée de la rationalité se fissure. Car l’humain ne se contente pas de décrire le réel : il le symbolise, le met en récit, et en construit une version intérieure autant qu’extérieure.

 

Il devient alors nécessaire de distinguer, au sein même de la raison, deux régimes de pensée : la raison logique, orientée vers l’explication du monde physique, et la raison symbolique, tournée vers la compréhension du monde psychique et imaginal. Cette distinction n’est pas la reprise d’une opposition naïve entre objectivité et subjectivité, ni entre science et mythe. Elle s’enracine dans un constat partagé par la philosophie, l’anthropologie et la psychanalyse : il existe des manières différentes mais légitimes d’accéder au sens. La raison logique découpe, ordonne et causalise. La raison symbolique associe, interprète et relie. Toutes deux cherchent la cohérence, mais l’une la trouve dans des relations externes observables, l’autre dans des structures internes de signification. 

D’un point de vue épistémologique, cette dualité renvoie à deux manières d’établir la vérité. La raison logique s’appuie sur la déduction, l’administration de la preuve et la reproductibilité. La raison symbolique, elle, engage une rationalité interprétative, attentive aux correspondances internes, aux médiations culturelles, aux narrations qui organisent l’expérience. Elle ne se mesure pas moins ; elle se valide autrement par la pertinence herméneutique, la cohérence interne, la capacité à éclairer un vécu ou à rendre intelligible un phénomène culturel. Les sciences humaines ont été l’un des grands lieux de cette reconnaissance. En anthropologie, la lecture structurale des mythes par Lévi-Strauss, comme l’analyse rituelle de Han, a montré que les sociétés expriment leurs tensions, leurs valeurs et leurs structures non uniquement dans leurs institutions matérielles, mais aussi dans leurs systèmes symboliques. Les pratiques humaines ne s’expliquent pas seulement par leurs fonctions visibles ; elles se comprennent aussi à partir des significations qu’elles condensent. Le symbole y apparaît comme une logique de mise en forme du vécu collectif.

La psychanalyse a, de son côté, mis en lumière l’épaisseur symbolique de l’existence individuelle. Elle a montré que le psychisme n’est pas une mécanique interne mais un espace traversé de représentations, de récits implicites, de métaphores incorporées. L’inconscient, loin de relever de l’irrationnel, obéit à une autre rationalité : celle de l’association, du déplacement, de la condensation. La raison symbolique devient ici un outil de connaissance du sujet un mode d’accès au sens de ses conflits, de ses symptômes et de ses modes d’être.

En réunissant ces perspectives, une idée s’impose : pour comprendre l’humain, il ne suffit pas de mesurer, décrire et expliquer ; il faut aussi interpréter, contextualiser et donner sens. La raison logique rend le monde extérieur lisible ; la raison symbolique rend le monde intérieur intelligible. L’une construit un ordre physique ; l’autre organise un espace psychique, imaginal, culturel. Elles ne sont pas deux facultés opposées, mais deux instruments complémentaires de la connaissance humaine, chacun avec ses critères, son domaine, ses limites.

 

 

Qu’est-ce que la raison logique ? 

La raison logique constitue l’un des piliers de la tradition philosophique occidentale. Elle désigne la capacité de l’esprit à organiser la pensée selon des principes de cohérence, de déduction et de non-contradiction. Bien qu’elle semble aller de soi dans nos manières de penser, elle résulte d’une longue construction conceptuelle, qui engage autant une réflexion sur le langage que sur la structure du réel.

 

La genèse philosophique : du logos au formalisme

L’idée de raison logique prend forme en Grèce ancienne, avec la conceptualisation du logos. Chez Parménide, le logos est la voie de la vérité, celle qui refuse la contradiction et affirme que « l’être est ». Héraclite, au contraire, montre que le logos est aussi la règle qui organise la tension des contraires. C’est cependant Aristote qui systématise la logique comme discipline autonome, en élaborant les principes et les formes du raisonnement valide. Avec la modernité, la logique devient progressivement un formalisme abstrait : Leibniz rêve d’une mathesis universalis, condition d’une science parfaitement démonstrative ; Kant situe la logique du côté de la forme pure de la pensée, indépendante de toute expérience ; Russell et Wittgenstein inaugurent une logique symbolique qui étend la rigueur déductive à travers un langage formel. La raison logique apparaît ainsi comme une conquête historique : elle n’est pas seulement une faculté naturelle de l’esprit, mais un outillage conceptuel élaboré au fil des siècles.

 

Les principes fondamentaux de la raison logique

La raison logique repose sur quelques principes considérés comme les fondements de tout raisonnement valide :

  • Principe de non-contradiction : une proposition ne peut être vraie et fausse en même temps et sous le même rapport.
  • Principe d’identité : ce qui est, est ; un concept demeure identique à lui-même.
  • Principe du tiers exclu : une proposition est soit vraie, soit fausse ; il n’existe pas de troisième terme.
  • Validité déductive : une conclusion est vraie si elle découle nécessairement de prémisses vraies selon une forme logique correcte.

Ces principes assurent l’unité et la cohérence de la pensée. Ils permettent de distinguer la vérité de l’erreur, l’argumentation structurée du simple enchaînement d’idées.

 

Raison logique et vérité : l’idéal d’universalité

Pour la tradition philosophique, la raison logique constitue l’accès privilégié à une forme de vérité indépendante des variations subjectives. Sa force tient dans sa prétention à l’universalité : un raisonnement valide l’est pour tout esprit, quel que soit son contexte culturel ou psychologique. Les logiciens du XXᵉ siècle, quant à eux, ont montré que cette universalité dépend de la stabilité des règles formelles que l’on adopte. La logique devient alors un cadre normatif : elle dit non pas comment nous pensons spontanément, mais comment nous devrions penser pour atteindre une cohérence maximale.

D’un point de vue méthodologique, la raison logique se distingue par sa manière d’aborder les problèmes : Définir les concepts pour éviter les ambiguïtés. Formuler des propositions dont les relations sont explicites. Identifier les présupposés, afin de distinguer ce qui est donné de ce qui doit être démontré. Évaluer la validité des inférences, c’est-à-dire la transition des prémisses à la conclusion. Repérer les contradictions ou les équivoques. Elle fournit ainsi un outillage indispensable pour la philosophie, mais aussi pour les sciences formelles, le droit ou l’éthique argumentative.

Si la raison logique est essentielle, elle n’épuise pas l’ensemble des formes de rationalité. Plusieurs critiques ont été formulées. Les limites du formalisme : La logique abstraite ne dit rien du contenu des propositions qu’elle manipule. Elle garantit la validité formelle, mais pas la vérité matérielle. La critique herméneutique : Les philosophes de l’interprétation rappellent que le sens ne peut pas être réduit à des relations logiques. Toute compréhension implique un horizon historique et linguistique qui déborde la seule forme logique. Les apports des sciences cognitives : La pensée humaine réelle n’obéit pas toujours aux règles de la logique : elle est heuristique, approximative, influencée par les émotions et les biais cognitifs. Ces critiques ne visent pas à invalider la raison logique, mais à la situer : elle offre une rigueur nécessaire, mais elle ne recouvre pas l’ensemble du champ de la pensée humaine.

Dans un monde saturé d’informations, de discours contradictoires et de raisonnements approximatifs, la raison logique reste un outil crucial. Elle permet : de clarifier les débats ; de distinguer l’argumentation de la persuasion ; d’évaluer la cohérence des positions ; de structurer la recherche scientifique et philosophique. Cependant, elle doit être comprise comme une forme parmi d’autres de rationalité. Elle est indispensable, mais non suffisante.
Elle structure la pensée, mais ne suffit pas à en capter les contenus symboliques, existentiels ou culturels.

 

 

Qu’est-ce que la raison symbolique

La notion de raison symbolique occupe une place singulière dans la réflexion contemporaine : elle désigne une forme de rationalité qui ne s’appuie pas d’abord sur la démonstration formelle ou la causalité, mais sur l’interprétation des signes, des récits, des rites et des structures imaginaires qui organisent la vie humaine. Loin d’être une rationalité « inférieure » ou floue, elle correspond à une modalité spécifique d’intelligibilité (L’intelligibilité désigne la capacité d’un phénomène, d’un concept ou d’une expérience à être compris, c’est-à-dire à devenir saisissable par l’esprit), reconnue par la philosophie, l’anthropologie, la psychanalyse et les sciences des religions.

 

Définir la raison symbolique : une rationalité du sens

La raison symbolique désigne la capacité humaine à produire, manipuler et interpréter des symboles. Le symbole n’est pas un simple signe arbitraire : il condense une pluralité de significations, mettant en relation des dimensions psychiques, sociales et parfois métaphysiques. Dans cette perspective, la raison symbolique repose sur deux postulats :

  1. Le réel humain est structuré par des significations qui ne se réduisent ni à la matière ni à la logique formelle.
  2. L’intelligibilité passe par l’interprétation, c’est-à-dire par la mise en relation de pratiques, d’images, de récits ou de gestes qui fonctionnent comme supports de sens.

Là où la raison logique vise la cohérence, la raison symbolique vise la compréhension des épaisseurs culturelles et psychiques du vécu humain.

 

Le regard anthropologique : le symbole comme structure sociale

L’anthropologie offre un cadre essentiel pour comprendre la raison symbolique.
Durkheim, dans Les formes élémentaires de la vie religieuse, montre que les symboles ne sont pas de simples représentations : ils expriment et stabilisent la collectivité. Le totem, par exemple, n’est pas seulement un animal : il est une cristallisation visible du groupe. Lévi-Strauss radicalise cette idée : les mythes, les règles de parenté, les classifications naturelles sont des systèmes symboliques qui structurent la pensée humaine. Le symbole devient une forme d’organisation cognitive, qui permet aux sociétés de mettre en ordre le monde.

L’anthropologie montre ainsi que la raison symbolique :

  • organise les rapports sociaux (interdits, alliances, rites) ;
  • produit des classifications du monde (pur/impur, sacré/profane) ;
  • oriente les comportements par des cadres interprétatifs communs ;
  • règle la transmission culturelle.

Elle constitue un véritable langage collectif, parfois plus fondamental que la rationalité discursive.

 

Le regard philosophique : le symbole comme herméneutique du monde

La philosophie a également développé une réflexion autonome sur la raison symbolique.
Platon voyait déjà dans le mythe un mode d’accès au vrai lorsque le discours démonstratif devient insuffisant. Kant, dans la Critique de la faculté de juger, donne au symbole un statut épistémologique : il ne démontre pas une idée, mais il la « présente » indirectement, en la rendant intelligible par analogie. Plus récemment, l’herméneutique (Ricoeur) a montré que le symbole ouvre un espace de sens où le sujet est convoqué à interpréter. La raison symbolique n’est donc pas une croyance irrationnelle : c’est la rationalité propre aux phénomènes qui demandent une compréhension, et non une démonstration.

En philosophie, la raison symbolique peut être définie comme :

  • une rationalité indirecte, qui passe par des médiations (récits, images, gestes) ;
  • une rationalité plurivoque, qui accepte la multiplicité des sens ;
  • une rationalité réflexive, qui demande au sujet de situer son interprétation ;
  • une rationalité du sens, et non seulement de la vérité formelle.

 

Le rôle du mythe, du rite et de la narration

Anthropologie et philosophie convergent pour montrer que la raison symbolique se déploie principalement dans trois domaines :

  1. a) Le mythe

Le mythe n’est pas une fable au sens trivial, mais une manière d’organiser des questions fondamentales : origine, ordre, violence, filiation, mort. Il opère une médiation entre l’expérience humaine et des structures de sens partagées.

  1. b) Le rite

Les gestes rituels condensent des significations que le groupe reconnaît implicitement. Le rite produit une cohésion, stabilise les identités, rend tolérable l’incertitude. Il articule le collectif et l’individuel.

  1. c) La narration

Les récits : religieux, politiques, psychologiques, constituent un moyen d’intégrer l’expérience dans une continuité intelligible. Ils donnent forme au temps humain et ouvrent un horizon d’interprétation.

Ces trois dispositifs montrent que la raison symbolique fonctionne par mise en forme, plutôt que par calcul.

 

Le regard psychanalytique : le regard sur la singularité du sujet.

La psychanalyse introduit une nuance majeure : le symbolique n’est pas seulement collectif, il est aussi structurant pour le sujet. La raison symbolique devient alors : une structure du psychisme ; un cadre d’interprétation du désir ; un langage de l’inconscient. Ce croisement entre anthropologie et psychanalyse permet de comprendre que le symbole articule l’individuel et le collectif. La raison symbolique ne remplace pas la raison logique. Elles répondent à des questions différentes : la raison logique traite de la validité, la raison symbolique traite de la signification. La première clarifie, la seconde interprète. La première opère par démonstration, la seconde par analogie et contextualisation. Les phénomènes humains exigent presque toujours l’articulation des deux : un système social peut être cohérent en termes logiques tout en étant incompréhensible si l’on ne saisit pas sa charge symbolique. 

La raison symbolique apparaît comme une forme de rationalité fondamentale pour comprendre l’humain. Elle permet d’analyser :

  • la manière dont les sociétés se représentent elles-mêmes ;
  • la façon dont les individus donnent sens à leur vécu ;
  • les structures profondes qui organisent les institutions, les récits et les rites ;
  • les imaginaires capables de transformer les comportements collectifs.

Elle rappelle que la compréhension de l’humain ne passe pas seulement par la mesure, la démonstration ou la modélisation, mais aussi par l’interprétation des formes symboliques qui tissent la réalité sociale et psychique. Dans la réalité humaine, raison logique et raison symbolique ne fonctionnent jamais isolément. La science elle-même se nourrit d’imaginations théoriques. Les mythes s’organisent souvent selon des logiques internes rigoureuses. Les individus mobilisent la logique pour structurer leurs récits intérieurs. Les cultures utilisent le symbolique pour donner sens aux faits objectifs. La distinction entre extériorité logique et intériorité symbolique est heuristique : elle permet de comprendre comment l’humain se constitue à la fois comme être biologique situé dans un monde physique et comme être de sens habité par des images, des récits et des structures psychiques.

 

 

Conclusion générale

La distinction entre raison logique et raison symbolique ne relève pas d’une simple typologie des modes de pensée ; elle dessine deux régimes épistémiques dont les sciences humaines ont appris, parfois malgré elles, la nécessaire complémentarité. La raison logique, tournée vers l’extériorité, a permis l’essor des connaissances objectivantes : elle clarifie les enchaînements causaux, formalise les relations entre phénomènes et fonde les critères contemporains de validité scientifique. La raison symbolique, orientée vers l’intériorité, n’en constitue pas une forme moindre de rationalité : elle demeure indispensable pour comprendre la part non mesurable de l’humain, là où se tissent représentations, affects, imaginaires et dynamiques psychiques. D’un point de vue épistémologique, ces deux raisons renvoient à des actes de connaissance distincts. La raison logique vise la transparence du réel par la décomposition, la mise à distance, l’explication. La raison symbolique, elle, opère par intégration, résonance, traduction interne. Le savoir moderne a longtemps privilégié la première au détriment de la seconde, assimilant l’interprétation symbolique à un résidu préscientifique. Pourtant, les développements de l’anthropologie structurale, de la psychanalyse, de la phénoménologie et des théories de l’imaginal ont montré que l’humain ne peut être réduit à des variables externes : il est un producteur permanent de significations. 

C’est précisément là que se dessine un enjeu contemporain : intégrer pleinement la raison symbolique au sein des démarches cliniques. Non pas comme un supplément poétique, mais comme un outil de connaissance opératoire. Car dans la clinique, l’humain ne se donne jamais uniquement sous la forme d’un corps mesurable ou d’un discours rationnel. Il apparaît aussi comme un être symbolisant, en proie à des conflits internes, des récits implicites, des métaphores incarnées. Prêter attention à ces dimensions ne relève pas d’un détour littéraire : c’est reconnaître que le sujet est structuré par des systèmes de sens qui ne se montrent qu’indirectement. En ouvrant ce dialogue, on reconnaît que l’humain ne se laisse jamais saisir entièrement par une seule forme de rationalité. L’extérieur et l’intérieur, l’observable et le symbolique se répondent. Dans le vaste théâtre de la psyché, deux lanternes éclairent des chemins différents.

Les thérapies cognitivo-comportementales brandissent la raison logique : elles avancent en arpenteurs rigoureux, scrutant les pensées comme on examine les rouages d’une horloge. Elles cherchent les distorsions, réparent les engrenages, ajustent les gestes. Leur sagesse est géométrique : si l’idée vacille, le comportement suit ; si l’idée se redresse, le monde intérieur respire autrement. C’est la clinique du raisonnement et de la preuve, une ingénierie fine du visible et du mesurable.

La psychanalyse, elle, chemine sous d’autres constellations. Elle s’appuie sur la raison symbolique, celle qui voit dans un rêve un archipel, dans un acte manqué une fissure lumineuse, dans un silence une cathédrale enfouie. Là où les TCC réordonnent, la psychanalyse décèle ; là où l’une corrige le schéma, l’autre écoute l’ombre. Son outil n’est pas la démonstration, mais la métaphore ; non la logique formelle, mais la transformation du sens que le sujet tisse sans le savoir. Une psychanalyse contemporaine moins attachée aux orthodoxies, plus attentive aux mondes en mouvement, peut parfaitement conjuguer ces deux régimes de la raison. Elle emprunte aux TCC leurs outils pragmatiques : repérer une pensée anxieuse, apprivoiser un comportement d’évitement, expérimenter d’autres manières d’habiter le quotidien. Mais elle les utilise comme un musicien emprunte un instrument : non pour épouser la partition d’une autre école, mais pour mieux accompagner la mélodie singulière du sujet. Car la raison symbolique demeure son fil d’or. Elle rappelle que, derrière chaque croyance « irrationnelle » corrigée et chaque geste ajusté, il existe une histoire une géologie intime faite de pertes, de désirs, de mythes personnels. L’approche analytique moderne peut donc manier les outils logiques sans perdre de vue ce qui excède toute logique : la manière unique dont chaque être tisse du sens à partir de ses ombres et de ses élans. Ainsi naît une clinique hybride, inventive et profondément humaine, où l’on peut à la fois reconstruire les ponts visibles du fonctionnement et explorer les profondeurs symboliques où repose la vérité secrète de chacun. Une clinique qui sait que réparer un symptôme n’a jamais empêché d’écouter ce qu’il cherchait, silencieusement, à raconter.