Qu’est-ce que « LA psychanalyse » ? La psychanalyse, depuis sa fondation par Freud à la fin du XIXe siècle, a occupé une position ambiguë dans le paysage des savoirs : entre médecine, anthropologie, littérature, et philosophie. Trop souvent réduite soit à une pratique thérapeutique, soit à un corpus idéologique, elle déploie en réalité plusieurs niveaux d’analyse : des propositions théoriques sur le psychisme, une conception singulière de l’humain et des méthodes cliniques plus ou moins spécifiques.
La psychanalyse comme corpus théorique
Pour Miguel Benasayag comme pour Roland Gori, la psychanalyse n’est pas un ensemble dogmatique de concepts, mais une épistémologie critique (étude de la connaissance) du psychisme humain, irréductible aux modèles scientifiques linéaires. À rebours de la tendance actuelle à l’objectivation du sujet (notamment dans les neurosciences ou les approches cognitivo-comportementales). La psychanalyse est une théorie du vivant, au sens fort : elle ne vise pas à prédire ou modéliser un comportement standardisé, mais à accompagner la complexité irréductible des situations humaines, à l’intersection de l’organique, du symbolique et du social. Benasayag prolonge cette idée dans ses travaux sur le vivant et la complexité : pour lui, la psychanalyse propose une modélisation qui accepte les contradictions internes, les impasses, les impensables. Le corpus théorique devient alors un cadre souple, qui permet de penser les tensions constitutives de l’humain, au lieu de les aplanir. Loin d’un système de normes, la théorie psychanalytique est une grille interprétative mouvante, toujours en réévaluation, ouverte aux hybridations (avec la philosophie, la biologie, l’anthropologie…).
Chez Gori, la psychanalyse constitue également un lieu de résistance à l’emprise de la rationalité technocratique. Le corpus psychanalytique s’oppose à la marchandisation du soin, à la quantification des affects, à l’idéal de transparence du sujet. En ce sens, la théorie psychanalytique est inséparable d’une position éthique. Gori insiste sur le fait que la psychanalyse n’est pas seulement une pratique, mais une forme de pensée critique, qui remet en cause les évidences de son temps. Le corpus psychanalytique devient alors un espace de déconstruction des normes, une manière de l’altérité du sujet, sa singularité. Benasayag partage cette vision dans ses ouvrages où il critique le réductionnisme neurotechnologique et défend une conception non homogène du savoir. Pour lui, la théorie psychanalytique permet de penser une subjectivité située, traversée par l’histoire, les affects, la culture — et donc de résister à l’idéal tehcnocratique du sujet performant, calculable, optimisé.
Plusieurs courants scientifiques soutiennent ces idées
Neurosciences de l’embodiment : des travaux comme ceux de Damasio, Varela ou Gallese confirment l’idée que le psychisme est enraciné dans une corporéité vivante et relationnelle, ce que Benasayag appelle l’individuation située. Théories systémiques et complexes (Morin, Maturana, Bateson) : ces modèles soutiennent l’idée qu’on ne peut penser la santé mentale sans inclure le contexte écologique, relationnel et symbolique du sujet. Critiques de la psychiatrie biologique : des auteurs comme Healy ou Whitaker documentent les limites des psychotropes et les effets pervers de la psychiatrisation, ce que Benasayag dénonce aussi. Roland Gori est quand à lui un psychanalyste et épistémologue critique. Il s’oppose à la logique de quantification du soin psychique, à l’évaluation standardisée, et défend une approche humaniste du symptôme. Il plaide pour une « clinique de la parole », inscrite dans une tradition herméneutique et subjectivante. Son approche est épistémologique plutôt qu’empirique. Elle ne cherche pas à valider une méthode thérapeutique, mais à montrer les limites des modèles positivistes dans les sciences humaines. Il s’appuie sur des travaux en philosophie des sciences (Canguilhem), en sociologie critique (Bourdieu, Foucault), ou encore en psychologie clinique francophone.
La pensée de Roberto Assagioli reproche à la psychanalyse freudienne de s’arrêter à l’inconscient inférieur (pulsions, traumatismes), sans reconnaître ce qu’il appelle l’inconscient supérieur, c’est-à-dire les aspirations spirituelles, esthétiques ou altruistes de l’individu. Assagioli propose de dépasser les théories classique de psychanalyse par un mouvement de synthèse : une réorganisation harmonieuse des différentes dimensions du moi. Assagioli est aussi un des premiers thérapeutes occidentaux à introduire la spiritualité dans le travail psychothérapeutique sans le confondre avec la religion. Il voit dans le Soi transpersonnel une dimension intérieure d’unité, de sens et de transformation. Cela a influencé des approches contemporaines qui refusent le dualisme entre psyché et esprit, et qui reconnaissent que de nombreuses souffrances psychiques sont liées à une perte de sens, à une aliénation existentielle, ou à une crise spirituelle. Loin de ne traiter que des pathologies, la psychosynthèse s’intéresse au déploiement du potentiel humain. Elle ouvre la thérapie à des objectifs de croissance personnelle, d’auto-transcendance, voire de service aux autres. Cette vision inspirera la psychologie positive, la psychologie humaniste, la psychologie transpersonnelle, les pratiques de pleine conscience, la logothérapie de Frankl, et certaines formes de psychothérapie existentielle.
(un article ici sur les liens entre l’approche de Assagioli et les neurosciences)
La vision de James Hillman apporte à la psychanalyse une critique radicale de ses fondements modernes et une réorientation vers une psychologie archétypale, poétique et imaginale, profondément inspirée des visions comme celles de Jung ou Assagioli, de la mythologie et de la philosophie. Hillman ne propose pas une simple variante technique, mais une refondation du regard psychologique. Hillman critique l’obsession moderne de la psychologie pour le moi fort, intégré, adapté, héritée de Freud comme de la psychologie du moi américaine (vision qu’on retrouve dans le coaching). Pour lui, cette orientation trahit l’âme au profit d’une norme sociale de santé. Il remet en question l’idée même de « guérison », qu’il associe à une volonté de contrôle et de purification.
À la place, il propose une écologie de la psyché où les troubles, les symptômes et les souffrances ne doivent pas être éliminés mais interprétés comme des récits mythiques, porteurs de sens, parfois même nécessaires. Ainsi, la thérapie ne vise pas une intégration du sujet, mais une multiplication de ses perspectives : c’est une poétique du déséquilibre plus qu’une science de l’ordre. Au cœur de la psychologie archétypale de Hillman se trouve le concept d’âme. À la différence de « la conscience » rationnel ou du « moi » freudien, l’âme est vue comme une réalité poétique, et plurielle, traversée par des archétypes mythologiques (le guerrier, la déesse, le vieil homme, l’enfant, etc.). Le travail thérapeutique devient alors un dialogue avec ces images, et non une explication causale ou une cure corrective. Hillman revendique un retour au sensible et au symbolique, la psychologie doit être une lecture poétique du monde intérieur et extérieur. Si Hillman se méfie des discours politiques explicites, sa psychologie archétypale implique une critique des normes sociales modernes : l’idéologie de la performance, la médicalisation, la perte de sens, l’érosion du lien à la nature et aux mythes. Sa critique ne passe pas par l’analyse des dispositifs sociaux, mais par un retour à la profondeur symbolique de l’expérience humaine, là où le monde moderne tend à tout réduire à des fonctions ou à des pathologies.
Hillman et la science :
Il rejette l’idéal scientifique objectiviste et ne cherche pas à faire valider ses concepts par des études quantitatives ou des essais contrôlés. Il critique : La réduction de l’âme à des fonctions mesurables (comme dans les TCC ou les neurosciences). La pathologisation normative du vécu humain. La psychologie qui cherche à « guérir » au lieu d’approfondir le sens du symptôme.
Une épistémologie herméneutique et qualitative peuvent néanmoins soutenir ou dialoguer avec l’approche hillmanienne. La psychologie narrative et herméneutique reconnaissent que l’identité humaine est structurée par des récits, des métaphores, des archétypes, thèmes centraux chez Hillman. La psychothérapie narrative ou existentielle (Yalom, White) reprend l’idée que la mise en sens symbolique d’un vécu est plus importante que sa « résolution ».
L’approche phénoménologique ou IPA (Interpretative Phenomenological Analysis) permet d’étudier l’expérience subjective vécue en profondeur : elle est proche de l’attention poétique à l’âme chez Hillman. Des études de cas cliniques illustrant des transformations symboliques ou imaginales sont considérées comme valides en clinique psychanalytique ou humaniste. De plus des chercheurs en anthropologie (Mircea Eliade) ont validé l’idée que les images et mythes ont une fonction structurante universelle, ce que Hillman place au centre de sa clinique. Les effets psychothérapeutiques de la méditation, de la pleine conscience ou du travail symbolique sont de plus en plus étudiés (Goleman & Davidson). Cela soutient indirectement les dimensions introspectives et imaginales de Hillman. Bien que Hillman soit marginal dans le champ académique, certaines évolutions scientifiques convergent avec son intuition : les neurosciences de l’imaginaire et des rêves avec par exemple Antonio Damasio, reconnaissent l’importance des processus inconscients, narratifs, et imagés dans la structuration du psychisme. La recherche sur les rêves (revue Dreaming, American Psychological Association) met en lumière leur rôle dans l’intégration émotionnelle.
La pensée de Félix Guattari apporte quant à elle, une critique radicale des fondements structurels de la psychanalyse Freudienne et une ouverture vers une pratique transdisciplinaire, politique et créative. Aux côtés de Gilles Deleuze, Guattari engage un travail de refondation du rapport à l’inconscient, à la subjectivité et à la pratique thérapeutique, s’opposant aussi bien au freudisme classique qu’aux dérives institutionnelles. Guattari, voit dans l’Œdipe freudien une réduction de la complexité, qui enferme la subjectivité dans un schéma familial et individualiste. En réponse à cette critique, Guattari développe avec Deleuze une pensée comme contre-modèle à la psychanalyse œdipienne. Il ne s’agit plus d’interpréter les désirs à partir de mythes familiaux, mais de les comprendre comme forces de production, agissant dans et avec les agencements sociaux, politiques, technologiques. Guattari ne rejette pas la clinique, mais la transforme. Il propose une clinique de la subjectivation, c’est-à-dire une écoute active des processus en cours chez le sujet, dans leur dimension singulière, relationnelle et contextuelle. Contre la pathologisation, il privilégie l’expérimentation : chaque situation clinique est un laboratoire de création de possibles. L’objectif n’est pas d’adapter le sujet à un ordre social, mais de libérer des lignes de fuite, des devenirs, des formes de vie alternatives. Avec son concept de « trois écologies » (écologie mentale, sociale, environnementale), Guattari élargit considérablement le champ de la psychanalyse. Il considère que la subjectivité est affectée par l’environnement, les collectifs et les imaginaires, et que toute pratique thérapeutique doit tenir compte de ces dimensions imbriquées. Il appelle ainsi à une pensée et une pratique transversale, à la croisée de l’art, de la politique, de la clinique, et de l’environnement.
Des études qualitatives ont analysé l’impact positif des dispositifs inspirés de Guattari
Par exemple la réduction de la violence institutionnelle, l’augmentation de l’autonomie des patients, l’amélioration de la cohésion entre soignants et patients, et de multiples publications dans des revues en santé mentale communautaire, anthropologie de la psychiatrie, sociologie du soin. Des approches comme celles du réseau brésilien de santé mentale (RAPS) ou du mouvement de la désinstitutionnalisation en Italie (Basaglia) sont proches de Guattari. Les théories des systèmes complexes, la psychologie écologique (Bronfenbrenner), et la thérapie familiale structurelle convergent aussi avec certaines dimensions guattariennes : l’importance du contexte, les interactions sociales comme co-constructrices du symptôme et la nécessité de repenser les institutions.
La psychanalyse comme anthropologie du sujet
La psychanalyse, dès Freud, a déplacé les frontières de l’anthropologie classique. En substituant au sujet rationnel des Lumières un sujet divisé, inconscient, conflictuel, elle propose une anthropologie clinique fondée sur la discontinuité, la mémoire, le désir et le symptôme. Dans cette perspective, Roland Gori insiste sur le fait que la psychanalyse est une pensée du sujet dans sa contingence, dans son historicité, et non dans sa conformité au cadre social. Il dénonce la substitution contemporaine du sujet par un individu adaptatif, évalué en termes de performance, de résilience ou de rentabilité. La figure de l’individu libre et autonome est à déconstruire comme une fiction idéologique. Critique qu’on retrouve chez un auteur comme Bourdieu qui critique l’illusion de la « liberté » dans les systèmes sociaux, en montrant que les choix individuels sont profondément conditionnés par des dispositions incorporées – les habitus – qui traduisent l’histoire sociale dans les structures mentales.
L’un des points de rencontre fondamentaux entre Benasayag et Bourdieu réside dans leur manière de penser les rapports de domination invisibles. Benasayag transpose cette logique dans le champ clinique et existentiel : le mal-être contemporain n’est pas uniquement psychique, il est produit par des dispositifs sociaux aliénants (évaluation, optimisation, médicalisation, etc.) qui fabriquent des sujets tristes, adaptables, désingularisés. Il appelle à réintroduire la dimension sociale dans la clinique, en analysant le symptôme non seulement comme expression intrapsychique, mais comme manifestation d’une souffrance socialement déterminée. Là où Bourdieu parle de reproduction sociale, Benasayag parle de capture du vivant : dans les deux cas, le pouvoir se manifeste dans les corps, les affects, les représentations – et non seulement dans les structures visibles. Tous deux cherchent à penser la possibilité de la transformation, non dans une rupture abstraite, mais à travers des processus concrets de subjectivation (que peut-on faire avec le réel présent). La psychanalyse, en tant qu’anthropologie, refuse cette réduction gestionnaire de l’humain : elle affirme que l’homme ne peut être réduit à ses comportements observables ou à ses réponses neuronales. Le sujet n’est pas une entité unifiée, mais un nœud de contradictions, pris dans des déterminations inconscientes, des structures symboliques, des conflits psychiques et sociaux. Il est fondamentalement non réductible à une ou plusieurs fonctions. L’humain est un vivant traversé par du sens, du manque et de l’impossible. En cela, la psychanalyse est une anthropologie qui ne cherche pas à expliquer l’humain comme un système logique ou algorithmique, mais à écouter ce qui échappe, ce qui résiste à la modélisation. Il s’agit de reconnaître l’humain dans son inachèvement, sa vulnérabilité et sa puissance d’invention. La subjectivité est un lieu politique, esthétique et clinique, et non une simple donnée biologique.
La pensée de Félix Guattari et de James Hillman apporte à l’anthropologie psychanalytique une profonde remise en question de ses fondements classiques (freudiens et lacaniens) et une ouverture vers des conceptions multiples, dynamiques, esthétiques et politiques du sujet. Leur contribution vise à élargir la compréhension de l’humain dans ses dimensions inconscientes, sociales, imaginaires, écologiques et mytho-poétiques, proposant une vision décentrée et plurielle de la subjectivité. Ils remettent tous deux en cause l’idée d’un moi unifié ou d’un sujet structuré autour d’un centre identitaire, pilier de l’anthropologie psychanalytique classique. Chez Guattari, le sujet est un effet de processus, produit par des agencements collectifs (sociaux, techniques, économiques). Chez Hillman, le sujet est une plurivocité d’images, d’archétypes, d’humeurs et de mythes. L’âme n’est pas une entité psychologique stable, mais un champ poétique, changeant, imaginal.
Ils déplacent la psychanalyse d’une vision du sujet comme structure symbolique (Lacan) ou comme refoulement familial (Freud) vers une anthropologie du devenir, du mythe, de la multiplicité. De même, tous deux rejettent la centralité de l’Œdipe comme grille de lecture universelle de la psyché humaine. Leur pensée ouvre la psychanalyse à une diversité anthropologique des configurations subjectives, désaliénant la théorie d’une prétention à l’universalité normative. De plus ils enrichissent la psychanalyse d’une sensibilité à l’environnement, aux formes culturelles et symboliques, redéfinissant la subjectivité comme écosystémique ou mytho-poïétique. Les deux penseurs proposent une pratique clinique et anthropologique dé-hiérarchisée : la subjectivité n’est pas analysée selon un savoir supérieur, mais explorée dans son devenir singulier, esthétique et éthique. L’anthropologie psychanalytique devient un art de raconter les devenirs humains, au lieu de les classer ou de les guérir.
La psychanalyse comme pratique thérapeutique
La psychanalyse se distingue des autres approches psychothérapeutiques par son cadre fondé sur l’écoute du discours du sujet et la prise en compte de l’inconscient. À la différence des thérapies directives, centrées sur la correction de comportements ou la gestion des symptômes, la cure psychanalytique vise une transformation du sujet à travers l’élaboration de ses conflits internes, souvent méconnus ou refoulés. Elle cherche à répondre aux deux grandes questions : Pourquoi je fonctionne comme ça, et pour quelle raison je continue ? Le symptôme n’est pas une simple pathologie à éliminer, mais un compromis entre le désir inconscient et la censure, porteur de sens.
La spécificité de la psychanalyse classique comme thérapie repose sur plusieurs piliers :
- La parole libre (associative, non censurée)
- Le transfert comme vecteur de la répétition et de l’élaboration
- L’interprétation comme modalité d’intervention
- Le cadre analytique (fréquence, neutralité bienveillante, divan éventuel)
Les nouvelles formes de psychanalyses ou psychodynamies reposent sur de nouvelles méthodes proches de certaines approches cognitives, comportementales, systémiques ou même philosophique comme par exemple :
- visualisation créative, pour renforcer la volonté ou transformer des contenus psychiques
- désidentification, pour permettre au sujet de se libérer des fixations du moi
- techniques de synthèse, pour favoriser l’unification de la personnalité
- écoute de la biographie comme mythe personnel, orientation vocationnelle, attention aux motifs récurrents de la vie.
- poétique de la thérapie, lecture poétique des vécus, recours à la littérature, aux mythes, aux arts. (Hillman insiste sur le rôle fondamental de la beauté, de la forme, de l’expression artistique dans le travail thérapeutique).
L’effet thérapeutique repose sur un travail de déconstruction et de symbolisation, souvent long, progressif et non linéaire. C’est pourquoi la psychanalyse a souvent été critiquée pour son temps long, mais elle se revendique au contraire comme une thérapie de fond, non du symptôme seul mais du sujet dans son intégralité.
Conclusion
Réduire la psychanalyse à une méthode thérapeutique reviendrait à méconnaître sa richesse épistémologique (étude de la connaissance de l’humain). Elle est à la fois une théorie dynamique du psychisme, une anthropologie du sujet et une pratique clinique ancrée dans une éthique. Ces trois dimensions – théorique, anthropologique et pratique sont distinctes mais indissociables. Une approche rigoureuse de la psychanalyse requiert de les penser dans leur articulation, sans les confondre. En s’appuyant sur les travaux d’auteurs comme Benasayag, Gori, Assagioli, Hillman, ou encore Guattari, on comprend que la psychanalyse comme corpus théorique est bien plus qu’un ensemble de concepts issus de Freud ou Lacan. Elle est une pensée du sujet, du vivant, du conflit, et de la résistance. Elle offre une alternative épistémologique majeure aux approches dominantes de la santé mentale, en défendant une conception non normative, complexe et éthique de l’humain. La vitalité de ce corpus tient précisément à sa capacité à penser contre son temps, à demeurer un lieu de subversion intellectuelle et clinique.
Bibliographie
- Benasayag. La fabrique de l’homme nouveau.
- Benasayag, & Schmit. Les passions tristes : Souffrance psychique et crise sociale.
- Benasayag. Éloge du conflit.
- Benasayag. Cerveau augmenté, homme diminué.
- Benasayag. Clinique du mal-être : Pour une nouvelle approche du soin psychique.
- Benasayag. Les nouvelles figures de l’agir
- Gori. La santé totalitaire.
- Gori. La dignité de penser.
- Gori. Faut-il renoncer à la liberté pour être heureux ?
- Gori. La fabrique des imposteurs.
- Gori. Exilés de l’intime
- Gori. La fabrique de nos servitudes
- Ferrucci. La Psychosynthèse
- Assagioli. Le développement transpersonnel.
- Assagioli. Psychosynthesis
- Assagioli. Psychosynthèse, principes et techniques
- Hillman. Le Mythe de la psychanalyse
- Hillman. Malgré un siècle de psychothérapie, le monde va de plus en plus mal
- Hillman. La fiction qui soigne
- Paul Ricoeur. De l’interprétation
- Guattari, & Deleuze. L’Anti-Œdipe.
- Guattari. Les trois écologies.
- Bourdieu. Réponses : Pour une anthropologie réflexive.
- Ehrenberg. La fatigue d’être soi.
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