Méditation & visualisation (rencontre avec l’imaginal)

Méditation & visualisation (rencontre avec l’imaginal)

Les mots de méditation et de visualisation sont utilisés sur des sites et revues bien-être, de façon interchangeable, alors que pourtant, ce ne sont vraiment pas les mêmes choses. La méditation et la visualisation affectent à la fois notre corps et notre esprit, mais de façon très différente. Deux pratiques à découvrir pour un bien-être profond et une reconnexion à Soi.

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Différence entre méditation et visualisation

La méditation est un moment de repos actif alors que la visualisation demande un effort une direction active:

Il existe de nombreux styles de méditation même si toutes les pratiques ont un point commun. Cela commence par arrêter tout effort de contrôle sur notre respiration, sur nos pensées ou sur un quelconque aspect de notre vie. Méditer est un profond moment de paix dans lequel on accueille tout ce qui se présente en état de lâcher-prise. Vous êtes simplement observateur de ce qui se déroule, vous n’êtes plus partie prenante dans vos pensées et émotions. La méditation est avant tout un travail sur soi sans aucun support idéologique et sans aucune visée mystique. La méditation c’est une remise à zéro, c’est un repos de toutes les fonctions qui constituent le sujet. Repos, ne veut pas dire annihilation, rejet, interdit, négation, conflit ou mortification

La visualisation au contraire est plus active. Nous dirigeons notre mental dans une direction spécifique (en général vers un résultat recherché). La visualisation est un outil pour préparer notre corps, notre mental et notre état émotionnel pour de meilleures performances, pour améliorer notre système immunitaire ou en encore pour mieux dormir. 

La méditation calme le système nerveux alors que la visualisation le reprogramme :

La méditation va apaiser le système nerveux de façon à donner à notre corps un repos encore plus profond que ne peut le faire notre sommeil. Ce profond repos nous guérit de l’anxiété par la fin des mêmes inquiétudes qui reviennent en boucle encore et encore.

De façon alternative, la visualisation peut nous aider à reprogrammer nos réactions avec l’anxiété. La peur que nous ressentons sous l’effet de l’anxiété (voir de l’angoisse) affecte notre respiration en premier donc certaines visualisations vont vous guider à travers des images à projeter dans votre esprit pour vivre autre chose que cette anxiété. L’idée est de changer les conditionnements que nous projetons en permanence dans les différentes situations de la vie quotidienne. Au lieu de la peur générée par une situation particulière, vous allez projeter une idée différente de la situation en revenant sur ce que vous aviez visualisé.

Le cerveau ne fait pas de différence entre quelque chose d’intensément imaginé et une situation réellement vécue. Les schémas nerveux sont identiques. Le fonctionnement du cerveau a un pouvoir extraordinaire sur la création de notre réalité (Co-création). Les détecteurs du cerveau sont trompés, le cerveau croit à cette pseudo expérience et associe désormais ces situations avec les ressentis de confiance en soi, les nouvelles connexions créées seront celles qui se mobiliserons lors de la mise en situation réelle, l’inconscient cherchera à reproduire la situation visualisée et l’émotion associée. C’est de la reprogrammation.

Le rêve éveillé dirigé (pratiqué via l’imagination créatrice) montre que l’imaginaire est une expression de réalités psychiques. L’action sur les représentations entraine une action sur les structures psychiques interne. Desoille souligne que « le déplacement des images dans l’espace imaginaire modifie l’affect». Le travail en imagerie mentale modifie :  l’état émotionnel, les représentations, les croyances, les conditionnements. Cette pratique nous fait découvrir une capacité d’auto-transformations et d’autoconstitution de l’expérience subjective. Une capacité de changement et de transformation.

 

puce-verteComment fonctionne la visualisation ?

Question de vocabulaire :

L’imagination : une fonction cognitive

Nous pouvons discerner deux types d’imagination : l’imagination reproductive qui reproduit le domaine sensible, et l’imagination créatrice qui comme son nom le dit, est création de nouveau. En effet, l’imagination peut être la faculté de la psyché, à partir de ce qu’elle connaît, à se représenter des images (dans le sens d’une représentation mentale du monde matériel, visible ou du monde immatériel, invisible genre des idées abstraites), des sensations ou des situations qu’elle a déjà perçues et qu’elle se remémore. Mais, l’imagination c’est aussi la faculté de former des images qu’on ne connaît pas ou de créer des images en combinant les idées (ce que fait par exemple la science fiction). Il s’agit ici de créer ou d’inventer des images, des situations, des sensations et de permettre l’actualisation d’un potentiel par l’éveil de ce qui, en l’homme, existe à l’état de disposition.

 

L’imaginaire, la productions de l’imagination :

L’imaginaire sont les images : expression ou représentations de l’activité psychique. Si l’on change ou modifie des images, il y aura une modification des affects (base de l’hypnose). Il y a des invariants dans la production de contenus psychiques imaginaires. De plus J. Achterberg: a montré de fortes implications de l’imaginaire dans la physiologie et la psychothérapie.

L’imaginal : domaine de connaissance intermédiaire entre sensible et intelligible (H. Corbin)

L’imaginal ouvrent l’homme à l’expérience subjective, au monde invisible (le monde des idées, des symboles etc) qui lui permet de cheminer vers son plus haut degré de réalisation et de sens de la vie, par la réconciliation des contraires : l’invisible et le visible, le spirituel et le matériel, l’Esprit et le corps. Quand cette réconciliation se produit l’homme s’ouvre à sa véritable nature, dépasse les limites de sa conscience personnelle (moi/ego) et accède à une conscience plus haute (Soi Jungien).

Les travaux d’Henry Corbin, avec le concept d’imaginal, ouvrent directement sur la notion d’une imagination active et/ou créatrice comme moyen pour renouer avec la dimension transcendante et spirituelle en nous-mêmes et retrouver le contact avec notre être le plus Essentiel ainsi que la conscience de la non-séparabilité entre le monde et nous.

Remarques pour expérimenter l’imaginal :

Il ne s’agit pas de « voir» (ni hallucinations, ni photons). Ex : évoquer, se représenter, imaginer, se figurer, se remémorer, penser à, …

Exemple : «pensez au visage de votre mère.»

Exemple : «c’est un carré bleu : je ne le vois pas mais je sais qu’il est bleu»

Question de faculté : selon les personnes : images de rêve, images claires, images invisibles  («voir sans voir») , Cela n’a pas d’impact sur l’imagination active de la personne.

Question de circonstances : selon les circonstances et les expériences, les images peuvent être plus ou moins claires. L’importance n’est pas leur clarté : c’est d’en faire expérience.

 

L’imaginal, le mundus imaginalis d’Henry Corbin

 

C’est en étudiant la spiritualité et la philosophie iranienne qu’Henry Corbin a pu élaborer son concept d’imaginal à partir de l’idée qu’il existe un monde intermédiaire entre le sensible et l’intelligible, entre la réalité et le réel, entre le visible et l’invisible ; c’est le monde de l’imaginal qui permet de trouver l’équilibre entre ces deux polarités.

Il est impossible de pénétrer dans le monde de l’imaginal avec les sens, c’est le lieu des événements psycho-spirituels (visions, intuitions, rupture avec les lois physiques de l’espace et du temps). Ce monde est souvent jugé imaginaire, c’est-à-dire irréel par la vision rationnelle et empirique du monde scientifique actuel. C’est par l’imagination active ou méditation qu’il est possible d’atteindre ce monde de l’imaginal, transmutant ainsi les données sensibles en symboles. Nous trouvons ici l’idée d’un état intermédiaire de la conscience, entre veille et sommeil, permettant de pénétrer dans le monde des visions et de la connaissance, enseignant à l’homme sa véritable structure interne.

La mystique perse présente ainsi 3 mondes, ou domaines de connaissance, d’égale valeur ontologique :

  • Le monde sensible : monde des choses matérielles et des formes sensible
  • Le monde intelligible : monde de la connaissance et des formes intelligibles
  • Le monde imaginal : monde de l’âme et des formes Imaginales.

Une ontologie en 3 domaines permet de :

-suspendre les paradoxes logiques liés aux expériences alternative (visions, synchronicités, NDE, chanelling, etc)

-unir irrationnel et raison, sans exclusion mutuelle.

-dépasser les syncrétismes new-age et les spéculations matérialistes,

-en conservant la reliance à des domaines «cachés» , «lumineux» , «spirituels», «sur-naturels,… »

L’hypnose, les expériences méditatives, chamaniques, les rêves éveillé dirigé, les éxpériences de mort imminente (ou EMI), etc ; sont inexplicables rationnellement dans un modèle en 2 domaines. 

 

La notion d’imaginal apparaît (paradoxalement) comme révolutionnaire pour appréhender :

-certaines failles du paradigme matérialiste, (sensible)

-les limites de la psychologie occidentale et les expériences «non-ordinaires »(intelligible)

-les récits d’expériences en cadre sain

 

Le corps peut alors être vu comme vécu sous 2 perspectives simultanés :

-1 / Physique : corps matériel

-2 / Imaginal : représentations du corps

Chaque niveau peut être conceptualisé de manière différente. Cette approche permet d’appréhender les distorsions de la perception du corps. Elle renvoi aux notions neuroscientifiques de proprioception, intéroception et carte somato-sensorielle.

 

Psychisme et représentations

Le rêve éveillé dirigé (pratiqué via l’imagination créatrice) montre que l’imaginaire est une expression de réalités psychiques. L’action sur les représentations entraine une action sur les structures psychiques interne. Desoille souligne que « le déplacement des images dans l’espace imaginaire modifie l’affect». Le travail en imagerie mentale modifie :  l’état émotionnel, les représentations, les croyances, les conditionnements. Cette pratique nous fait découvrir une capacité d’auto-transformations et d’autoconstitution de l’expérience subjective. Une capacité de changement et de transformation.

 

La fonction des symboles dans cette vision de l’imaginaire ne représente pas une idée ou un concept : il exprime des affects, il ne s’agit donc pas d’interpréter les symboles..

Quelques fonctions des symboles :

-Evocation : ils évoquent quelque chose

-Expression : ils expriment un contenu

-Unification : ils sont simultanément conscients et inconscients

-Transformation : changer le symbole change la réalité psychique qu’il représente

-Création : le symbole a donc une capacité créatrice

-Mise en relation : le symbole relie le sujet à son psychisme

 

Dans une vision spirituelle 

 le monde mystique des images archétypales a une valeur noétique, dans la mesure où les perceptions imaginatives peuvent être les fenêtres par lesquelles pénètre en nous la lumière du monde supérieur. L’illumination ou l’état de grâce est ce moment où l’individu est touché ou pénétré par une image archétype chargée de l’énergie du monde céleste et comme transformé par elle.

Cette vision du monde conduit à une vision ternaire de l’homme composé d’un corps, d’une âme et d’un esprit. L’âme correspond à la psyché et ouvre au monde de l’imaginal qui nous permet de retrouver la lumière de l’Esprit. Pour Henry Corbin, l’imaginal n’est pas un monde inoffensif et l’imagination active est une faculté purement spirituelle, indépendante de l’organisme physique. La pensée et l’âme nous permettent, à travers l’imaginaire, de construire le monde matériel, rationnel, concret, et d’être en contact avec lui tandis que l’imagination active semble ouvrir le contact avec le monde de l’esprit qui est non-rationnel, spirituel, immatériel.

Le sens de la vie et le chemin vers la réalisation de soi consiste donc par la méditation, l’étude et l’imagination créatrice, à s’éveiller au monde de l’imaginal afin de retrouver le contact avec notre nature essentielle à l’évolution positive de l’homme et du monde.

 

 

Il y a donc 2 perspectives de l’imaginal :

Perspective psychologique: autonomie type inconscient collectif jungien

Perspective théosophique: autonomie et évolution spirituelle.

 

Ce qui amène à réaliser que dans le domaine de l’imaginal la question, du vrais n’a que très peu d’intérêts, car que ce soit « inventé » ou « reçu d’ailleurs » l’effet sur le fonctionnement psychique interne, lui sera vrais et expérimenté. 

 

Réunir philosophie et psychologie ? 

Il semble de nos jours, important de faire communiquer la psychologie moderne qui a plus ou moins 150 ans, avec l’héritage philosophique qui a plus ou moins 2500 ans. Les concepts des psychologies du 19e au début du 21e se sont développés en tenant peu compte de notre vaste héritage philosophique. Or cet héritage philosophique propose de nombreux modèles, cohérents, pluriels, contradictoires et complémentaires, pour aborder les questions-clefs de la psychologie tel que :

-unité et multiplicité

-limites du soi

-agents internes, agents externes

-activité et passivité

-volonté, automatisme et libre-arbitre

-réalité et irréalité

-interprétation des expériences

-logique, interprétations…

 

Pour une nouvelle approche de la subjectivité et de la psychologie :

Face aux limites modernes du paradigme matérialiste : extension du matérialisme (matérialisme spirituel) et retour au dualisme (néo-dualisme), deux  voies discutables : elles attribuent l’ imaginal : soit au sensible(matérialisme), soit à l’intelligible(dualisme) ; trouvons une alternative philosophique en reprenant en compte l’imaginal. Cela ouvre des explications sur des pratiques en pleins essor tel que : l’hypnose ericksonienne, chamanisme, visualisations, projection d’intentions, mais aussi la psychanalyse transpersonnelle, psychologie transpersonnelle, traumatologie imaginale etc.

Exemple de méthodologies scientifiques modernes pouvant inclure de l’imaginal : neuro-phénoménologie, micro-phénoménologie, épistémologie, structuralisme, herméneutique…

Bonus :

De nombreux philosophe ont étudier le domaine de l’imagination créatrice comme processus de transformation :

Pour Bachelard : L’imagination implique une énergétique psychique :  mouvements, résistances, forces. Elle a une notion de plasticité, transformation, dynamiques, innovations … G. Bachelard a pensé une méthodologie pour observer des invariants dans la production de contenus psychiques imaginaires.

Pour Kant : L’imagination est une activité cognitive de transformation. Notion de plasticité.

Pour C.G. Jung : La transformation de l’âme passe par la transformation de ses symboles.

Pour Sartre : L’imagination est un acte, l’image est “conscience de quelque chose”. 

Pour H. Corbin : L’imagination créatrice produit des images agentes, dans l’imaginal. (on y reviendra en dessous)

Pour G. Durand : L’imagination créatrice est une fonction de l’intellect agent

L’ imagination agente: fonction d’intégration et d’apprentissage d’expériences

Pour C. Fleury : Les compétences imaginales sont de l’ordre : de compétences narratives, décryptage et ré-encodage des évènements en enseignements qui construisent des scénarii de vie.

 

L’imaginaire: catégories d’images , de symboles, de structures

Pour G. Durand : son travail a été de faire une grande classification de catégories de symboles et de structures de l’imaginaire.

Pour J.J. Wunenburger: il y a 5 catégories d’images : les idées imagées, images allégoriques, personnifications, schèmes, archétypes.

Pour R. Desoille : sont travail est de relèver une phénoménologie récurrente d’images dans le Rêve éveillé dirigé.

Pour J. Achterberg , A.Virel/ R. Frétigny: leurs travaux a consister à réaliser des méta-analyses sur différentes techniques d’accompagnement.

L’imaginal: en regard de la notion d’inconscient collectif

C.G. Jung : Archétypes et inconscient collectif : inhérent et au-delà du sujet conscient.

Fleury : Histoires communes, destin commun, trajectoires communes, récits communs.

Durand : Dieux, héros, panthéons : réalités de l’âme : réalités imaginales. L’inconscient collectif jungien met en mouvement les contenus des théosophies orientales (prophétologie, angélologie)

Hillman: Réalité ontologique d’une âme , «perspective plutôt que substance» , «point de vue envers les choses plutôt qu’une chose»

 

Source :

L’A.R.C.H.E.  Académie de Recherche et Connaissances en Hypnose Ericksonienne

Fleury, C. : La conscience imaginale

Durand, G :Les structures anthropologiques de l’imaginaire

Gilbert Durand, L’imagination symbolique

Desoille, R.  : Le rêve éveillé en psychothérapie

Assagioli, R.  : Psychosynthèse : principes et techniques

Sohrawardi : réalités :  Imaginaire irréel X Monde imaginal : monde réel où agit l’âme

Cornélius Castoriadis, La montée de l’insignifiance, Les carrefours du labyrinthe, IV

Henry Corbin

  • Corps Spirituel et Terre céleste, de l’Iran Mazdéen à l’Iran Shî’ite
  • L’imagination créatrice dans le soufisme d’Ibn Arabî

C.G. Jung

  • Paracelse, une grand figure spirituelle, dans Synchronicitéet paracelsica
  • Dialectique du moi et de l’inconscient
  • Essai d’exploration de l’inconscient

C.G. Jung et C. Kerényi

  • Introduction à l’essence de la mythologie 

 

 

 

 

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