L’intolérance à l’incertitude et le trouble d’anxiété généralisée

L’intolérance à l’incertitude et le trouble d’anxiété généralisée

Selon nos connaissances actuelles du trouble d’anxiété généralisée (TAG), il est considéré que l’intolérance à l’incertitude joue un rôle crucial dans la tendance à être inquiet. La notion d’incertitude désigne ce qui est incertain, indéterminé, douteux : c’est le manque de certitude. Les individus excessivement inquiets réagissent de manière intense à l’incertitude : on les qualifie d’intolérants ou d’allergiques à l’incertitude. Même une petite quantité d’incertitude engendre d’intenses réactions.

 L’intolérance à l’incertitude peut se décrire comme la difficulté à accepter le fait qu’il n’est pas complètement impossible qu’un événement négatif puisse se produire malgré sa faible probabilité.

En voici un exemple : « Brigitte et Mireille sont toutes deux référées pour une échographie abdominale à cause de maux de ventre récurrents. Brigitte s’informe auprès de son médecin des causes possibles de son malaise, de la procédure de l’examen et elle prend un rendez-vous. Pendant les jours qui suivent, elle pense à l’investigation et se sent anxieuse. Toutefois, elle se dit qu’il s’agit d’un examen qui permettra de mieux comprendre la cause de ses malaises. Elle continue de vaquer à ses occupations et ne pense pas trop à l’investigation. De son côté, Mireille pose plusieurs questions à son médecin. Elle cherche à être rassurée ; qu’il lui dise qu’elle n’a pas un cancer. Pendant les jours suivants, elle pense fréquemment à l’investigation, s’imagine qu’on lui dira qu’elle a un cancer, qu’elle aura des traitements incommodants, qu’elle pourrait mourir et que ses enfants devront vivre sans elle. Pour se calmer, elle cherche des informations sur internet et demande à son conjoint de la rassurer sur son état. Malgré tout ce que les gens lui disent, elle continue de se sentir anxieuse et a de la difficulté à dormir. »

Cet exemple met en évidence la différence de réaction entre deux individus face à une situation incertaine. L’incertitude est mieux tolérée par Brigitte : elle ne dramatise pas la situation et attend l’examen de manière plus détendue. À la différence de Brigitte, Mireille a du mal à supporter l’incertitude : elle se projette immédiatement dans le pire scénario, cherche en vain la réassurance et manifeste plusieurs signes d’anxiété.

Et vous, quelle est votre réaction face à des situations incertaines, qui semblent floues ou ambiguës? Est-ce que vous vous identifiez dans le portrait de Mireille? Il est possible que vous ressentiez une intolérance à l’incertitude concernant votre santé, tandis que vous faites preuve d’une plus grande tolérance pour d’autres aspects de votre vie, comme vos finances ou votre travail. Il se peut que vous ayez une certaine tolérance à l’incertitude concernant votre santé, mais vous réagissez plus intensément lorsqu’il s’agit de la sécurité de vos proches ou de vos relations. En somme, l’intolérance à l’incertitude n’est pas forcément présente dans tous les domaines de la vie d’un individu.

 

Quel est le lien entre l’intolérance à l’incertitude et l’inquiétude ?

Face à une situation incertaine, une personne qui est trop préoccupée se demande davantage « Si… ». Ce type de réflexion permet de mieux identifier les aspects négatifs d’une situation (donc de s’inquiéter!). Prenons le cas de Mireille. L’examen médical est pour elle le signe d’un problème grave (« et si jamais, c’était un cancer ? »…, « peut-être que je vais mourir ? »). Les personnes qui ne tolèrent pas l’incertitude évaluent mal la probabilité de l’événement négatif. Elle aura tendance à exagérer le danger et les répercussions néfastes qui pourraient se produire dans cette situation. Le cas de Mireille qui se représente immédiatement un cancer met en évidence cette tendance.

Quant à Brigitte, elle a également pu envisager l’idée d’être atteinte d’un cancer, mais elle envisage également plusieurs autres options qui pourraient être plus réalistes. En somme, plus nous sommes insensibles à l’incertitude, plus nous nous interrogeons sur le « Si », plus nous sous-estimer les risques ou les conséquences négatives, ce qui suscite de l’anxiété.

 

Que fait-on face à l’incertitude ?

Pour ceux qui sont intolérants à l’incertitude, le premier réflexe peut être de chercher à l’éliminer ou à la contourner de différentes façons. À titre d’exemple : essayer de se rassurer, établir des listes, éviter de faire certaines choses ou se faire surprendre. Malgré cela, accroître sa certitude s’avère contreproductif et inutile face à la crainte de l’incertitude. Si le soulagement est présent, il est de courte durée, comme le montre parfaitement l’exemple de Mireille. Lorsque son conjoint lui annonce qu’elle n’a probablement pas le cancer, elle se sent soulagée, mais ses préoccupations reviennent rapidement et elle doit trouver une autre méthode pour se rassurer (par exemple, consulter Internet). On sait que les comportements de vérification sont à l’origine de l’idée qu’il pourrait être dommageable de ne pas vérifier. La quête de certitude réduit plutôt la capacité à tolérer l’incertitude et favorise le maintien de l’inquiétude. En outre, la quête de certitude est inutile, car l’incertitude fait partie intégrante de la vie. Étant donné qu’il est impossible d’être absolument certain de tout, la quête de certitude vous conduit à vous préoccuper. Par exemple, il est avisé de faire des investissements en vue de sa retraite. Cependant, le fait de surveiller régulièrement les variations de la bourse chaque semaine afin de ne pas perdre d’argent ne vous assure pas de ne jamais avoir de problèmes financiers. De même, il est conseillé de faire régulièrement un bilan de santé chez le médecin, mais s’y rendre régulièrement pour détecter des problèmes potentiels ne garantit pas qu’on soit en bonne santé tout au long de notre vie. Effectivement, divers éléments en dehors de notre contrôle peuvent avoir un impact sur le déroulement des événements.

Bref, vouloir augmenter la certitude diminue la tolérance à l’incertitude et ne fait qu’augmenter les inquiétudes. Au contraire, augmenter sa tolérance à l’incertitude aide à diminuer les inquiétudes

 

Vous trouverez ici un article avec un exercice pour sortir de cette difficulté 

 

 

 

 

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