La gratitude est différente du remerciement. C’est une émotion bénéfique que vous pouvez apprendre à développer afin de vous adapter le mieux possible aux situations difficiles.
Cette émotion est mêlée de joie et de surprise face à quelque chose qui nous fait du bien. Souvent, elle passe inaperçue, car nous avons tendance à fonctionner par habitude et en arrivons à ne plus remarquer le positif tellement nous nous concentrons sur ce qui va mal.
La gratitude consiste à porter notre attention vers les aspects satisfaisants du quotidien.
Ce n’est pas toujours simple. Mais, avez-vous appris à marcher, lire, écrire… en un jour ? Comme tout apprentissage, il faut débuter, se fixer un objectif à atteindre, être régulier et persévérant.
La gratitude est bonne pour la santé mentale et physique et réduit l’anxiété chronique. Elle génère un soutien social : on a la sensation d’être plus proche des autres, mieux entouré, de renforcer les relations, ce qui crée un sentiment de protection essentiel. Pour en exploiter tous les bénéfices, voici ce que Joanna Macy décrit dans son ouvrage : « L’espérance en mouvement ».
- La gratitude favorise le sentiment de bien-être. Lorsque l’on prend l’habitude d’activer notre gratitude seul ou en groupe, on entraîne plus facilement et rapidement son esprit à remarquer les aspects positifs dans notre vie… La gratitude a deux aspects : l’un est l’appréciation, où l’on ressent comme positif ce qui s’est passé ; et l’autre est l’attribution, où l’on reconnaît le rôle de quelqu’un ou de quelque chose dans ce qui est arrivé… La gratitude est une émotion sociale. Elle fait ressortir notre côté chaleureux et notre bonne volonté envers les autres. (pp. 73-77) « Quand on n’a pas le moral, on pourrait penser que c’est exagéré de porter son attention sur quelque chose d’aussi positif. Pourtant, reconnaître les dons de la vie donne des forces. En savourant ces cadeaux, nous augmentons notre faculté psychologique à garder notre équilibre et notre calme sur les flots houleux. Voilà pourquoi nos ateliers commencent ainsi. La gratitude renforce la résilience, ce qui donne des forces pour faire face aux informations perturbantes.
- Commencer avec des émotions positives nous soutient pour accueillir celles qui sont plus inconfortables. Quand on aborde des questions telles que le changement climatique, la posture de la gratitude est une alternative rafraîchissante à la culpabilité et à la peur.(p. 89)
- La gratitude renforce la confiance et la générosité, car elle nous aide à reconnaître les moments où nous avons pu compter les uns sur les autres… elle joue un rôle clef dans l’évolution du comportement coopératif et dans l’évolution des sociétés. Lorsque les niveaux de gratitude sont élevés, nous sommes non seulement plus enclins à rendre service, mais nous sommes également plus susceptibles d’aider des personnes que nous ne connaissons pas. (p. 76) La partage de la gratitude permet d’ouvrir les cœurs et créer la confiance dans le groupe.
- La gratitude, antidote au consumérisme, alors que la gratitude peut accroître le bonheur et la satisfaction de la vie, le matérialisme – le fait de donner une valeur plus élevée aux biens matériels qu’aux relations humaines profondes – à l’effet inverse… la gratitude, c’est de se délecter et se sentir satisfait de ce dont on a déjà fait l’expérience, à l’inverse de ce que nous propose la publicité. L’industrie de la publicité a pour but de saper ces sentiments en nous convaincant qu’il nous manque quelque chose… Ainsi la gratitude nous fait déplacer notre attention du verre à moitié vide au verre à moitié plein.
Les blocages à la gratitude
« parfois la gratitude vient facilement. Si tout va bien ou qu’il vous arrive quelque chose de bon, l’appréciation et la reconnaissance peuvent couler de source. Quand le ciel s’assombrit, chercher des raisons pour vous sentir reconnaissant pourrait, dans un premier temps, susciter un sentiment d’inconfort proche du déni. Mais il n’y a pas de raison de se sentir reconnaissant pour tout ce qui se passe. Il s’agit plutôt d’admettre qu’il y a toujours un panorama plus vaste, une vision plus large composée à la fois d’aspects positifs et négatifs. Pour nous permettre de reconnaître clairement les éléments difficiles et d’y réagir de manière constructive, nous devons puiser dans nos ressources qui font ressortir le meilleur en nous. La gratitude mène à cela. Nous pouvons nous entraîner à puiser dans cette ressource à tout moment .» (p. 81)
Nos représentations socio-culturelles peuvent également nous bloquer. Comme le dit Joanna Macy : « Dans la culture dominante, on estime que la gratitude est une politesse, et non pas une nécessité. Dans d’autres cultures et spiritualités, l’histoire est bien différente. Notre bien-être dépend du monde naturel et la reconnaissance nous lie à notre but qui est de prendre soin de la vie. » (p. 84) S’autoriser à se désaculturer au service de la culture du changement de cap est l’un des enjeux de la transition intérieure.
La gratitude, pilier de toutes les traditions spirituelles, nous montre une des voies pour sortir de la société de consommation. Elle nous montre à voir tout ce qui nous est donné par les autres et par le vivant. Son partage ouvre les cœurs et crée de la confiance dans les groupes. La gratitude cache en son sein la capacité de maintenir notre enthousiasme au service du changement positif, de nous faire prendre conscience de l’abondance en nous et autour de nous et de guérir nos relations. Ainsi, choisir une posture de gratitude est une compétence qui s’apprend et qui s’améliore par la pratique. Cela ne dépend pas du bon déroulement de la vie, ou de recevoir des faveurs des autres. C’est apprendre à mieux repérer ce qui est déjà là.
Le carnet de gratitude
Le conseil souvent donné est de remplir le carnet tous les jours. D’après la recherche scientifique, le faire 4 fois par semaine est suffisant pour en ressentir les premiers effets. Il est cependant nécessaire de le faire 3 semaines d’affilée, car elles correspondent au minimum requis pour prendre une habitude. Il est donc fort probable que vous preniez le pli définitivement.
Avant d’écrire, entrez en contact avec toutes ces raisons qui peuvent faire que vous éprouviez de la gratitude dans votre vie personnelle et professionnelle, toutes les choses et tous les gens que vous appréciez et qui font que vous vous sentez riche à l’intérieur.
La question à vous poser est la suivante : De quoi suis-je reconnaissant ou pour quoi puis-je éprouver de la gratitude ?
Inscrivez la date et ce qu’il vous est arrivé de bien, les choses agréables que vous avez senties, vues, entendues, goûtées, où touchées, tout bien-être que vous avez pu ressentir. Rien n’est insignifiant. Même les jours « les plus sombres », vous trouverez toujours des aspects positifs que vous n’aurez pas remarqué d’un prime abord. Rien que le fait de jouir de vos 5 sens par exemple, de penser aux personnes que vous aimez…
Pendant ces trois à cinq minutes, remplissez-vous de tout ce que sous-appréciez dans votre vie. Bien sûr, ce qui ne va pas est toujours là et vient plus facilement à l’esprit. Mais durant ces quelques minutes, ces éléments n’ont pas leur place.
Lorsque vous ne ressentirez pas l’émotion de gratitude en écrivant, prenez le temps de relire ce que vous venez d’écrire dans votre carnet, voire de remonter quelques jours en arrière. Vous ressentirez alors une belle émotion de gratitude grandir au fond de vous, dans votre cœur.
À d’autres moments également, prenez votre carnet de gratitude et relisez des passages. Cela vous remémorera les moments agréables et vous vous surprendrez à sourire…