Communication non violente : distinguer demande et exigence

Communication non violente : distinguer demande et exigence

Nous entendons souvent, et c’est le cas pour la plupart d’entre nous, une exigence à la place d’une simple demande. La différence entre une requête et une exigence (ordre) se fait à la manière dont la personne va vous traiter si vous ne faites pas ce qu’elle vous a demandé.

Par exemple, lorsque votre conjoint vous demande : « Peux-tu venir m’aider s’il te plait ? », nous pouvons facilement entendre : « Je veux que tu viennes m’aider ». Cette exigence est d’autant mieux entendue, et parfois à tort, que l’on se sent coupable de ne pas venir aider.

A l’inverse, lorsque nous demandons à notre conjoint : « Peux-tu venir m’aider s’il te plait ? », nous pouvons formuler en réalité une exigence : « Il faut que tu viennes m’aider ». L’un des moyens de vérifier si nous formulons précisément une exigence ou une demande, lorsque nous nous adressons à quelqu’un, est d’apprécier les conséquences du refus : si votre conjoint répond : « Pas tout de suite » ou « Je ne peux pas », serez-vous irrité ? Si oui, vous pouvez en déduire que vous formulez, sous forme de question, une exigence.

La principale différence entre requête et exigence tient dans la place du non :

La requête peut entendre un NON. L’exigence ne peut pas entendre un NON : le non entraîne automatiquement une punition, une accusation, un reproche, une critique, un jugement.

 

Il est tout à fait dommageable que le langage parlé n’introduise pas davantage de différence entre une demande et une exigence. Même si l’on utilise le verbe « demander », il est probable que notre interlocuteur le prenne pour une exigence. Par exemple, si vous lui dites : « je te demande de venir m’aider », cela sera entendu comme un ordre. Vous pouvez diminuer ce risque, si c’est vraiment une demande que vous souhaitez formuler, en disant : « Je te demande si tu peux venir m’aider ». Mais, là encore, le terme de « demande » induit une forme d’exigence.

Pour corriger ce travers dans la communication, il faut d’abord prendre le temps de se repositionner par rapport à ses propres demandes. Assurez-vous, lorsque vous formulez une demande, de pouvoir toujours réserver un accueil bienveillant à un possible refus. Exercez-vous chaque jour à réfléchir avant de formuler une demande, pour bien la distinguer de l’exigence. Demandez-vous : « S’il (ou elle) me répond « non », vais-je pouvoir l’accepter sans dommage ? »

Quand je formule une requête, je pense : S’il te plaît, ne fais pas ce que j’ai demandé si tu

as peur d’une punition,

espères une récompense,

penses que je vais t’aimer davantage,

as un sentiment de honte ou de culpabilité,

sens cette demande comme un devoir.

Si vous constatez que vous souhaitez effectivement formuler une exigence, utilisez systématiquement une affirmation, et commencez votre phrase par : « Je veux… ». Cette formulation sera adéquate pour vos enfants, par exemple, lorsque vous exigez d’eux quelque chose. Entre conjoints, elle semble moins souvent indiquée, mais elle peut s’utiliser néanmoins en certaines circonstances. L’important est alors de pouvoir justifier cette requête et son caractère impératif.

Il peut arriver que vous ayez un crucial besoin d’aide, mais ne souhaitiez pas imposer quoi que ce soit dans un rapport de force. Dans ce cas, utilisez une formulation qui permettra à votre interlocuteur de comprendre l’urgence de votre demande. Par exemple : « J’ai vraiment besoin d’aide maintenant : peux-tu venir s’il te plait ? ». Il faudra cependant, tout en formulant votre demande d’aide, réfléchir à la façon dont vous pourrez procéder autrement dans l’hypothèse où votre interlocuteur réponde par la négative.

Comment faire lorsque je formule une requête, mais que mon interlocuteur entend une exigence ? Même quand nous faisons une requête sincère, l’autre peut entendre une exigence.

  1. Devant un refus, reprendre la réponse de la personne en face et montrer que l’on a compris son point de vue.
  2. Demander s’il est possible de concilier les deux besoins : « Est-ce qu’il serait possible de terminer ton travail qui te préoccupe et que mon besoin de compagnie soit également satisfait ?

 

Précision :

Il est une différence que l’on oublie bien trop souvent et qui, de fait, devient source de nombreux maux ; la différence entre refus et rejet.

Le refus n’est qu’une réponse négative à une demande particulière, faite à un moment donné. Le rejet est celui de la personne même. Alors ne prenons pas les refus comme des rejets et sachons faire la différence entre les deux.

Nous pouvons ajouter à cela le piège de la répression imaginaire, aussi appelé : La logique. En effet, tout se passe comme si nous faisions le raisonnement suivant : nous savons que c’est mal de fumer « donc » nous devrions arrêter ou il/elle devrait arrêter. Pourtant, nous sommes très au courant des conséquences de faire des choses pareilles, et malgré cela, nous continuons ! Preuve que la vie n’est pas toujours logique. Les comportements humains ne le sont que rarement et « la » logique est toujours la mienne (celle de celui qui raisonne). Autrement dit, la logique n’est qu’une forme de raisonnement qui repose entièrement sur des présupposés. Et ces présupposés, ces postulats sont ceux de la personne qui raisonne et ils justifient son point de vue.

En résumé, il est dangereux et inutile de faire des suppositions sur ce que pense l’Autre, et bien plus judicieux de lui dire nos besoins et lui demander clairement les siens.

 

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