Connaitre ses valeurs personnelles : notre boussole intérieure

Connaitre ses valeurs personnelles : notre boussole intérieure

Les valeurs sont des croyances liées aux affects qui, à travers une diversité de contextes, motivent l’action et guident l’évaluation des actions des autres, des politiques, des personnes et des événements.

Par exemple, une personne pour qui l’indépendance est une valeur importante est alertée si son indépendance est menacée, malheureuse quand elle ne parvient pas à la préserver, et heureuse quand elle peut l’exercer.

Quel est l’intérêt de connaître tes valeurs ?

Tes valeurs fonctionnent comme une boussole. Ce sont elles qui motivent tes actions et tes réactions, qui sous-tendent tes pensées. Identifier tes valeurs personnelles peut te permettre d’avancer dans la vie en étant consciemment en accord avec toi-même : c’est une façon sûre d’être plus épanouie jour après jour !

Pourquoi ? Parce que le fait d’être en accord ou non avec ses valeurs personnelles a un impact direct sur notre état intérieur. Si l’une de tes valeurs est bafouée, tu ressentiras des émotions et des symptômes physiques négatifs.

Si au contraire elles sont validées, tu ressentiras de la joie, du bien-être … Si tu les as clairement identifiées, il te sera plus facile de te rendre compte de tout ça, de prendre du recul et de rectifier le tir pour être plus alignée avec ta nature profonde.

Le concept de valeur

Il existe de nombreuses études sur le sujet, mais considérons ici une valeur comme une conviction profonde à laquelle on est particulièrement attaché, un repère important qui nous sert à prendre nos décisions et à orienter nos actions. Il existe des valeurs héritées de notre milieu familial, de notre religion, de notre société et des valeurs fondamentales et personnelles qui sont profondément ancrées dans notre être. Celles-ci se révèlent de façon naturelle et spontanée et répondent à des besoins essentiels.

Shalom Schwartz est un psychologue social. Il développe son modèle de valeurs et son approche (avec Wolfgang Bilsky), dans Toward an Universal Structure of Human Values, in Journal of Personnality and Social Psychology.

Pour Schwartz, une valeur est une croyance qui se rapporte à une fin ou un comportement désirable, l’expression de motivations destinées à atteindre des objectifs particuliers. Et pour chaque individu, les valeurs sont ordonnées selon leur importance relative en tant que principes qui guident sa vie.

Le modèle de Schwartz

Schwartz propose ainsi un modèle qui comporte 56 valeurs, regroupées en 10 « domaines motivationnels ». Selon lui, ces 10 valeurs de base sont des valeurs universelles que les individus reconnaissent comme telles dans toutes les cultures.

Sa conception des valeurs leur attribue 6 caractéristiques principales:

  • Les valeurs sont des croyances associées de manière indissociable aux affects. Les personnes sont en alerte ou tristes quand leurs valeurs sont menacées et heureuses quand elles peuvent l’exercer.
  • Les valeurs ont trait à des objectifs désirables qui motivent l’action.
  • Les valeurs transcendent les actions et les situations spécifiques, ce qui les distingue d’attitudes ou de normes.
  • Les valeurs servent d’étalon ou de critères. Les valeurs guident la sélection ou l’évaluation des actions, des politiques, des personnes et des événements. On décide de ce qui est bon ou mauvais, justifié ou illégitime, en fonction des valeurs qu’on affectionne.
  • Les valeurs sont classées par ordre d’importance les unes par rapport aux autres. Les valeurs d’une personne peuvent être classées par ordre de priorité, et cette hiérarchie est caractéristique de cette personne.
  • L’importance relative de multiples valeurs guide l’action. Toute attitude, tout comportement, implique nécessairement plus d’une valeur. L’arbitrage entre des valeurs pertinentes et rivales est ce qui guide les attitudes et les comportements.

Les 10 valeurs universelles

Schwartz définit ensuite chacune des dix valeurs de base par l’objectif global qu’elle exprime et également par des items (entre parenthèses) utilisés pour les décrire:

  1. Autonomie (ou autodétermination) Motivation : indépendance de la pensée et de l’action, choisir, créer, explorer. Valeurs : créativité, liberté, indépendance, curiosité, choisir ses propres buts.
  2. Stimulation Objectif : enthousiasme, nouveauté et défis à relever dans la vie. Valeurs : vie audacieuse, variée et passionnante.
  3. Hédonisme Objectif : plaisir ou gratification sensuelle personnelle. Valeurs : plaisir, profiter de la vie.
  4. Réussite (ou accomplissement) Objectif : succès personnel obtenu grâce à la manifestation de compétences socialement reconnues. Valeurs : ambition, orientation vers le succès, compétence, influence.
  5. Pouvoir Objectif : statut social prestigieux, contrôle des ressources et domination des personnes. Valeurs : autorité, leadership, dominance
  6. Sécurité Objectif : sûreté, harmonie et stabilité de la société, des relations entre groupes et entre individus, et de soi-même. Valeurs : propreté, sécurité de la famille, sécurité nationale, stabilité de l’ordre social, réciprocité des faveurs, santé, sentiment d’appartenance.
  7. Conformité Objectif : modération des actions, des goûts, des préférences et des impulsions susceptibles de déstabiliser ou de blesser les autres, ou encore de transgresser les attentes ou les normes sociales. Valeurs : autodiscipline, obéissance.
  8. Tradition Objectif : respect, engagement et acceptation des coutumes et des idées soutenues par la culture ou la religion auxquelles on se rattache. Valeurs : humilité, dévotion, respect de la tradition, modération.
  9. Bienveillance Objectif : la préservation et l’amélioration du bien-être des personnes avec lesquelles on se trouve fréquemment en contact. Valeurs : serviabilité, honnêteté, pardon, loyauté, responsabilité, amitié.
  10. Universalisme Objectif : compréhension, estime, tolérance et protection du bien-être de tous et de la nature. Valeurs : ouverture d’esprit, sagesse, justice sociale, égalité, paix dans le monde, monde de beauté, unité avec la nature, protection de l’environnement, harmonie intérieure.

Bien qu’il s’agisse d’une valeur importante, le bonheur ne figure pas dans cette liste parce que chaque personne y parvient par des voies différentes en atteignant une valeur importante pour elle.

La structure des valeurs

Outre l’identification de dix valeurs fondamentales, la théorie de Schwartz décrit les relations de compatibilité et d’antagonisme que ces valeurs entretiennent les unes avec les autres, en d’autres termes la structure des valeurs. Cette structure provient du fait que lorsque l’on agit selon une valeur, cela a des conséquences qui entrent en conflit avec certaines valeurs et sont compatibles avec d’autres.

Ce modèle des valeurs est représenté par une structure circulaire: plus les valeurs sont rapprochées, plus elles partagent des motivations communes et sont compatibles. Plus elles sont éloignées, plus elles peuvent entrer en conflits.

Deux grandes dimensions résument ces relations d’antagonisme et de compatibilité :

  • l’ouverture au changement (autonomie, stimulation, hédonisme) s’oppose à la continuité (conformité, tradition) ;
  • le dépassement de soi (bienveillance, universalisme) s’oppose à l’affirmation de soi (pouvoir, réussite).

Hiérarchies des valeurs

Alors qu’il y a beaucoup de variations interindividuelles dans l’importance attribuée à ces 10 valeurs, lorsque l’on se place au niveau des moyennes dans différentes sociétés, des similitudes sont constatées dans les hiérarchies des
valeurs.

  • 1, 2, 3 : bienveillance, universalisme et autonomie arrivent en tête ;
  • 4 : sécurité
  • 5 ou 6 : conformité, tradition
  • 7 : hédonisme
  • 6, 7 ou 8 : réussite
  • 9, 10 : pouvoir et stimulation arrivent en dernier.

Ce consensus découle probablement, selon le modèle, de ce qui est commun à la nature humaine ainsi que du fait que les valeurs contribuent à assurer le maintien des sociétés.

 

Sources: D’après Shalom Schwartz, les valeurs de base de la personne : théorie, mesures et applications, traduction Béatrice Hammer et Monique Wach, Revue française de sociologie. Article sur Cairn.info

 

 

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