Quand le cerveau n’entend pas…

Quand le cerveau n’entend pas…

Dans notre vie de tous les jours, nous utilisons la négation à tort et à travers. Nous communiquons trop sur l’inverse de ce que nous voulons et pas assez sur ce que nous voulons RÉELLEMENT.

Vous dites à votre enfant, ne cours pas ! et son cerveau va lui envoyer l’image de lui en train de courir et ne retiendra que l’action de cette phrase. C’est à ce moment-là, que nous pouvons nous écrier, « mais il fait exprès, je viens de lui dire de ne pas le faire ! »

Voilà enfin la réponse à votre question chers parents, non, votre enfant ne fait pas exprès : explication.

oui non cerveau

Pourquoi ? Car comme le souligne Roland Jouvent Directeur de recherche au CNRS, le cerveau naturellement n’entend pas la négation, ou plus précisément la structure cognitive humaine tend à focaliser sur le contenu principal d’une phrase, souvent en omettant la négation qui l’accompagne. Le cerveau va donc se concentrer sur le mot le plus important de la phrase, et c’est à partir de là, qu’il va commencer à imaginer. Le cerveau fonctionne par association d’idée, donc si je vous demande de pas penser à du stress, vous allez penser à du stress, car c’est le terme le plus fort ou connoté dans la phrase. 

C’est pourquoi en général, on incite plus une personne involontairement à faire ce qu’on ne voudrait pas qu’elle fasse. Dès lors, « Marche lentement » ou « Restez calme » seront des injonctions beaucoup plus efficaces que leur équivalent dans une forme négative, car porte l’attention sur l’expérience souhaité. Et comme nous l’avons vu au-dessus, le cerveau va se focaliser sur le terme ou les termes les plus importants ici : « marche lentement » ou reste calme ». 

Néanmoins, on peut utiliser la négation de manière constructive : par exemple, en disant « Ne te détends pas tout de suite, » la personne peut désamorcer des craintes et encourager un relâchement des appréhensions. Ces formulations, bien que négatives en surface, incitent l’esprit à se concentrer sur l’élément clés, ici « détends ».

Nous avons donc trop souvent l’habitude de dire l’inverse de ce que nous souhaitons faire passer comme message. Ce qui peut, comme on l’a vu, créer de mauvaises interprétations ou perceptions. Il serait donc plus bénéfique, pour avoir une communication plus fluide, de préférer la formule positive. Par exemple : ne cours pas (focalisation sur le verbe courir), devient marche doucement (focalisation sur l’idée de marcher).

Astuce : identifiez-les « inversions », les négations qui masquent vos réelles intentions non exprimées dans votre quotidien et tentez de les remplacer par la forme positive. Vous pourriez être surpris de constater au début qu’il n’est pas aisé de trouver les formules positives ? Bonne nouvelle, nous pouvons muscler notre cerveau, qui finira par s’approprier cette manière de faire positive en allégeant ainsi votre communication ; ce qui pourra débloquer des situations et résoudre les problèmes.

 

 

Bonus : Jeannerot a découvert en 2002 que notre cerveau a dur mal à faire la différence entre la réalité et l’illusion. Ainsi, si vous regardez une personne ou si vous l’imaginez, vous actionnez les mêmes neurones et faites intervenir les mêmes zones cérébrales (c’est d’ailleurs sur ce principe que fonctionne l’hypnose). L’anxiété liée au souvenir du passé ou à la peur de l’avenir est en général un facteur clef expliquant les blocages principaux conduisant à l’échec. Ainsi, les personnes âgées ayant peur de tomber tombent en général, précisément parce qu’elles sont focalisées sur l’avenir, à savoir le but à atteindre ou bien le passé, c’est-à-dire le souvenir d’une précédente chute, au lieu de regarder où elles posent leurs pieds… La solution est donc de se concentrer en revenant consciemment sur le présent, bien connu en thérapie.

 

À lire en complément : notre cerveau n’est pas un ordinateur

 

 

 

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