Les nouvelles pathologies professionnelles (rapide état des lieux)

Les nouvelles pathologies professionnelles (rapide état des lieux)

Les mots barbares pour exprimer le mal-être au travail se multiplient. Rapide tour d’horizon des nouvelles pathologie liées au travail :

Le burn-out

En France, le phénomène de burn-out est souvent décrit par le terme « syndrome d’épuisement professionnel ». Le concept est en fait assez mouvant, mais se caractérise par une dégradation du rapport au travail. Il ne s’agit de fait pas d’une dépression au sens clinique, qui recouvre l’ensemble des aspects de la vie de la personne qui en est atteinte.

voici trois caractéristiques du burn-out, présentées dans un rapport de l’INRS sur le sujet :

  • Épuisement émotionnel, psychique et physique ;
  • Cynisme vis-à-vis de l’activité professionnelle et des différents interlocuteurs de la personne concernée dans le cadre de son travail ;
  • Diminution de l’accomplissement personnel au travail.

Comment faire reconnaître un burn-out au travail ?

Le burn-out commence à être reconnu par la Sécurité Sociale. La loi Rebsamen du 17 août 2015 introduit la reconnaissance des maladies psychiques dans son article 27. L’article L. 461-1 du Code de la sécurité sociale est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les pathologies psychiques peuvent être reconnues comme maladies d’origine professionnelle, dans les conditions prévues aux quatrième et avant-dernier alinéas du présent article. Les modalités spécifiques de traitement de ces dossiers sont fixées par voie réglementaire. »
Un décret du 7 juin 2016 permet de renforcer l’expertise médicale pour la reconnaissance de ces maladies.

 

Comment éviter un burn-out

Plusieurs grandes familles de causes expliquent le syndrome d’épuisement professionnel et mériteraient donc d’être combattues, évitées et prévenues.

Les facteurs de risque psychosociaux liés au travail et donc de risque de burn-out :

  • Exigences au travail : intensité, complexité, surcharge de travail ;
  • Exigences émotionnelles : il s’agit ici des relations avec le public qui peuvent s’avérer éprouvantes pour le salarié ;
  • Manque d’autonomie et de marge de manœuvre dans l’exécution de ses missions ;
  • Mauvais rapports sociaux et mauvaises relations de travail ;
  • Conflits de valeur (effectuer une tâche que l’on désapprouve moralement) et qualité empêchée (être contraint, par des objectifs de productivité par exemple, de produire un travail de qualité que l’on estime insuffisante, notamment au regard de sa mission initiale) ;
  • Insécurité d’emploi (peur de perdre son travail) et de travail (appréhender des changements négatifs de sa situation de travail).

Un élément ressort systématiquement : le stress. Le burn-out semble finalement proche d’un développement critique d’une anxiété (voire angoisse) chronique : une tension trop grande entre la réalité d’un travail et ce qu’il devrait être (charge de travail, objectifs, conditions de travail, etc.).

Le bore-out

Premier héritier du burn-out, le bore-out (syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui) se définit comme un épuisement moral et un désengagement professionnel d’un travailleur sous-alimenté professionnellement, du fait d’une sous-charge de travail.

L’idée pourrait prêter à sourire (être malheureux quand on n’a pas assez de travail ou un travail trop facile) si elle ne renvoyait pas à une réalité beaucoup plus déprimante. L’idée du bore-out s’est en partie développée à la suite d’un pavé dans la mare, jeté par un anthropologue (et professeur à la London School of Economics), David Graeber. Sa théorie est que le capitalisme, au lieu d’aboutir à une baisse progressive du temps de travail, permise par la mécanisation et le progrès technique, donne au contraire naissance à une multitude grandissante de “bullshit jobs” pour occuper les masses.

 

Le brown-out

Au sens figuré, le brown-out se définit par un malaise du salarié lié à une incompréhension de plus en plus profonde de son travail et au sentiment que son job ne sert à rien. En un mot, l’univers du film Brazil. Un mal-être qui, inévitablement, a des conséquences néfastes sur la santé physique et mentale du travailleur :  Une démotivation extrême, un désinvestissement, une perte de ses illusions et de ses repères, de la fatigue, de l’irritabilité et/ou des signes dépressifs. À ces symptômes s’ajoute une importante baisse de l’estime de soi, surtout si le salarié se définit complètement par le poste qu’il occupe. Il ne croit plus en ce qu’il fait, il ne croit plus en lui, et cela se voit.

Le quotidien britannique The Telegraph listé dix comportements et sentiments qui vivent et ressentent les personnes en brown-out :

  • Vous travaillez sans pour autant éprouver d’intérêt pour ce que vous faites. Le travail en lui-même est une corvée et ne vous stimule pas intellectuellement.
  • Vous avez l’impression que votre to-do-list ne réduit jamais et qu’il y a toujours plus à faire.
  • Vous ne prenez plus en main votre carrière ni ne prenez de décisions importantes pour vous-même.
  • En réunion, vous contribuez au minimum et voyez d’abord les risques plutôt que les opportunités.
  • Vous avancez toutes les excuses possibles pour les éviter.
  • Vous vérifiez vos mails dès le réveil et avant de dormir. Vous êtes collé à votre smartphone le week-end et même en vacances ou entre amis.
  • Vous souffrez physiquement. Vous n’êtes plus en forme, vous mangez gras, ne dormez pas assez et avez abandonné le sport.
  • Vous avez perdu votre sens de l’humour et tendez vers un comportement passif agressif. Si quelqu’un (au travail ou ailleurs) vous demande comment vous allez vous avez tendance à répondre de manière monosyllabique.
  • Votre vie de famille n’est plus ce qu’elle était. Vous rentrez le soir pour regarder la télévision et montrez peu d’intérêt pour votre époux ou votre épouse et vos enfants. Vos relations amicales s’étiolent et vous ne vous y intéressez plus.
  • Vous ne détestez pas vos boss, mais selon vous, ils sont colériques et imprévisibles. Vous ne savez jamais s’ils vont apprécier ou non votre travail.

Les solutions :

  • Il est plus facile d’accepter de faire un job jugé ennuyeux si l’on sait pourquoi on occupe ce poste : un salaire qui vous permet d’être indépendant et/ou de pourvoir aux besoins de votre famille ? Des horaires qui vous conviennent ? La possibilité d’avoir votre week-end ou d’avoir du temps dans la semaine ?
  • Développez une vie qui a du sens en parallèle de votre travail (vie familiale, amoureuse, amicale, associative, sportive, culturelle, artistique…). Cela permet de redonner de la légitimité à une vie professionnelle que vous estimez absurde.
  • Et sinon, pourquoi ne pas envisager une reconversion professionnelle vers un secteur en adéquation avec vos valeurs ? C’est d’ailleurs la tendance actuelle : des cadres du secteur tertiaire ou des jeunes diplômés choisissent de se diriger vers l’artisanat, l’hôtellerie, le secteur associatif, l’agriculture, la création, la culture, l’aide à la personne, le monde de la petite enfance, afin de redonner un sens à leur vie et de se sentir « utiles ».

 

Le blurring (blur-out ?)

“Blur” pour confusion, flou. C’est la confusion grandissante entre vie professionnelle et vie privée, entretenue par les nouvelles technologies qui permettent tout aussi bien de vérifier l’expédition de sa commande Amazon depuis le bureau que la consultation d’un mail professionnel à une heure du matin chez soi.

Dans ce domaine, le droit français vient d’introduire le droit à la déconnexion.

Afin d’assurer le respect des temps de repos et de congés, ainsi que l’équilibre entre vies professionnelle et personnelle, un « droit à la déconnexion » figure dans le code du travail depuis janvier 2017 pour toutes les personnes travaillant dans une entreprise de plus de 50 salariés. Un accord a-t-il été mis en place dans ma société ? Ou une charte de bonnes pratiques ? Ai-je déjà discuté de ces sujets avec mes collègues et mes responsables ?

Arrêter de penser en boucle, d’enchaîner les gestes automatiques, de faire plusieurs choses à la fois, cela s’appelle déconnecter. Et si l’exercice est moins simple qu’il en a l’air, il est rendu encore plus difficile par l’invasion des nouvelles technologies. En nous maintenant sur le qui-vive, dans l’inquiétude de manquer une personne ou une opportunité, ils réactivent nos vieilles angoisses : exclusion, vide, solitude… Et nous privent d’un vrai remède : vivre pleinement le moment présent.

 

Astuces à faire dès maintenant :

  • Je mets le téléphone hors de vue dès que je suis en train d’échanger avec une personne, a fortiori s’il s’agit d’un enfant (donner le bon exemple dès le début de la vie).

Au bureau, j’essaye d’instaurer des déjeuners, voire des réunions, sans digital. J’observe la différence.

  • Je désactive un maximum de notifications.

C’est moi qui choisis quand je consulte quoi, au lieu de me laisser distraire par des alertes qui ne sont souvent ni urgentes ni importantes (mais que je regarde toujours car la tentation est trop grande, un peu comme un bonbon que l’on mettrait sous les yeux d’un enfant !).

  • Je ne fais qu’une chose à la fois pour accroître mon efficacité et ma concentration.

J’arrête de répondre à un mail tout en parlant au téléphone. Ou encore de lire des commentaires sur les réseaux sociaux tout en regardant un film ou une série. Je préserve mon énergie mentale.

  • Je repère les regroupements possibles dans mon agenda et je les priorise. Traiter les mails est une tâche à insérer dans l’emploi du temps, et non un fil continu.
  • En fonction de mon métier, je choisis un rythme de consultation :

– En continu, uniquement si ma fonction l’exige impérativement (mais ne répondez qu’en cas d’urgence ou si cela vous prend moins de deux minutes).

– Toutes les demi-heures, pour commencer à me déshabituer de la lecture des mails en continu.

– Puis, deux fois le matin et deux fois l’après-midi.

– Deux fois par jour quand cela est possible.

  • Je régénère ma concentration en me levant pour aller boire un verre d’eau, faire un tour, m’étirer, parler à quelqu’un, regarder le ciel et les arbres, les plantes.
  • Je lève les yeux de l’écran au moins une fois toutes les 30 minutes et je respire profondément trois fois. Je réapprends à regarder régulièrement au loin (au lieu d’avoir constamment le nez collé à mon smartphone !).
  • Je définis un espace-temps par jour, sans aucune connexion. Chez moi, je choisis une pièce, une zone, une activité…

J’informe mes interlocuteurs réguliers (collègues, managers, clients, proches, etc.) de mes préférences en termes de canaux de communication (êtes-vous plutôt sms ou mail ?) et des comportements qui me dérangent (appel tardif, etc.).

 

 

 

 

You cannot copy content of this page